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Aux apôtres de l’idéologie dominante

Aux apôtres de l’idéologie dominante
Aux apôtres de l’idéologie dominante


Gilbert Casasus

Publié le 25.03.2020

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Opinion » Aux apôtres de l’idéologie dominante, ces quelques lignes ne feront pas plaisir! N’ayant ni pour vocation de régler quelque compte que ce soit, ni pour objet de s’accommoder d’un «je vous l’avais bien dit», leur seul but est de résister à une pensée qui, à défaut d’être unique, se croit au-dessus de toutes les autres.

Aujourd’hui, l’Europe doit se libérer du modèle américain. Si Donald Trump a dépassé les bornes de l’acceptable, il n’incarne que la face visible d’une société états-unienne qui a fait du Vieux-Continent son principal adversaire. Dès 2003, Donald Rumsfeld, alors secrétaire d’Etat à la défense sous George W. Bush, s’en prenait à la «vieille Europe», décadente à ses yeux. Il lui préféra la «nouvelle» à laquelle de sinistres personnages, comme Kaczynski ou Orban, n’ont pas manqué de conférer des lettres de noblesse qui n’ont de noble que le nom.

Pour avoir épousé une approche trop docile à l’égard des USA, l’Europe s’est non seulement alignée sur des positions qu’elle n’aurait pas dû adopter, mais a omis de rester fidèle à ce qui fait sa force. Ayant relégué sa propre identité au second plan, elle a perdu tout courage pour affirmer des valeurs dont elle devrait être fière. Terre des droits de l’homme, elle n’a aucune leçon à recevoir d’un pays qui applique toujours la peine de mort et où le système de santé et la justice dépendent surtout des millions de dollars de celles et ceux qui en bénéficient.

Les Etats-Unis ne sont pas le parfait exemple d’un Etat de droit et encore moins celui d’un Etat social. Pour juguler ses crises, dont l’origine se trouve aussi dans les desseins du capitalisme américain, l’Europe n’a aujourd’hui d’autre choix que de renouer avec une forme rénovée de l’économie mixte. Elle ne doit pas répéter les fautes commises après la crise de 2008, à savoir d’abord faire appel à la force publique pour pallier les déviances de la finance, puis ouvrir le bal des plaisirs dangereux à des sociétés à risque qui, pour le grand bien de quelques-uns, se moquent éperdument de la légalité et de l’égalité fiscale. Même si le jeu de mots est facile, les gaffes des GAFA ont déjà occasionné trop de torts.

Cette pensée n’est pas qu’économique. Elle se retrouve aussi dans la science et la culture. Même si les USA se félicitent avec raison de l’excellence de leur recherche, celle de l’Europe n’a pas à rougir de ses succès. Elle est souvent plus performante que d’autres et ce n’est certainement pas dans les american journals que l’on trouve les meilleurs articles sur l’Europe, son histoire, sa littérature, sa création artistique, voire ses brevets industriels ou sa politique. Mais plus encore, la chance de l’Europe réside dans sa capacité à assumer son modèle de société et à retrouver dans l’Etat cette aire de régulation qui lui a trop longtemps fait défaut. Car plus que d’un totalitarisme étatique, c’est d’une économie incontrôlée que viennent et naissent désormais tous les dangers.

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