La Liberté

Fribourg doit encore résister

Publié le 24.06.2019

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Pour le commerce de détail, l’extension de l’horaire n’est pas le bon moyen pour s’adapter à la concurrence d’internet. En effet, même ouvert en permanence, un commerce «physique» ne peut offrir ni le choix, ni la commodité d’un achat en ligne. Et les quelques consommateurs volatils gagnés dans la stérile surenchère intercantonale des prolongations d’horaire n’y changeraient rien.

C’est une mutation autrement plus profonde qui est nécessaire et que l’Etat doit soutenir. Ce que la brochure officielle nomme un «souffle bienvenu» en faveur du commerce n’est donc effectivement rien de plus: le bénéfice en serait bientôt anéanti par le progrès dévastateur d’internet.

Or, ce court répit a un coût humain: de nombreux employés verraient rogné d’une heure leur répit hebdomadaire, seul espace de temps pour se consacrer vraiment à leur famille. Certes, le maigre surcroît d’emploi qui en résulterait en sauverait certains du chômage, mais au prix d’une dégradation des conditions de travail. Pour l’Etat, c’est un moyen d’éluder son obligation d’offrir aux chômeurs la perspective d’un emploi digne.

Les seuls bénéficiaires, outre le gros commerçant, en seraient le consommateur, qui jouirait d’un horaire plus confortable, et le cotisant – salarié ou patron – qui verrait sa caisse de chômage faire des économies. Je leur souhaite de ne jamais se retrouver à la place des employés affectés.

Sur cette question des horaires, notre canton est l’un des derniers à résister à l’érosion des valeurs humaines face au matérialisme et au pouvoir de l’argent. J’en suis fier.

André Piccand, Enney

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