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Juge des controverses de Leibniz: politique-fiction orwellienne

Publié le 01.12.2022

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Souvent considéré comme le dernier «génie universel», Gottfried Wilhelm Leibniz, né à Leipzig en 1646, fut philosophe, scientifique, mathématicien, logicien, diplomate, juriste, bibliothécaire, philologue.

Il estima que les discussions philosophiques pourraient un jour se régler par sa méthode, le calculus ratiocinator. Aurait-il eu la prémonition que l’intelligence artificielle allait lui donner raison? Son procédé technique, analogue à la preuve par neuf en arithmétique, devait vérifier des propos, des assertions logiques. Aussi il le nomma le «juge des controverses». C’était à sa vue un art infaillible.

Leibniz fit un tableau séduisant de ce que seraient grâce à lui les discussions philosophiques. Pour résoudre une question ou clore une controverse, les adversaires n’auraient qu’à prendre la plume, en s’adjoignant au besoin un ami comme arbitre, et à dire: «Calculons.»

Appliqué au niveau des votations (trop souvent soumises au peuple suisse), le procédé de Leibniz devrait engendrer des scrutins aux majorités totalitaires dépassant 90%. Qu’en aurait-il été des scores serrés tel l’achat d’un avion de combat?

Dotés de l’outil leibnizien, les élus suisses aux Chambres fédérales n’auraient plus à s’adonner à des débats fleuves. Ils n’auraient qu’à avaliser les résultats produits par l’intelligence artificielle. Mais quel serait alors le rôle des divers partis politiques? Ce serait le parti presque unique de l’informatique qui souffrirait parfois du piratage des hackers. Un émule de George Orwell pourrait écrire non plus 1984, mais 2064.

Patrice Blanc, Riaz

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