La Liberté

Neutralité de l’administration: le canton de Genève a eu raison

Publié le 21.02.2019

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Le 10 février, les citoyens de Genève ont adopté une loi sur la laïcité interdisant aux agents publics, lorsqu’ils sont en service, «de signaler leur appartenance religieuse par des propos ou des signes extérieurs».

Je garde l’aigre souvenir d’un prof d’espagnol: sur son pull noir il portait une grande croix en acier qui nous heurtait lorsqu’il se penchait vers nos copies. On n’osait pas broncher. De même, c’est gênant de parlementer avec une autorité qui porte ostensiblement un crucifix, une kippa, un hijab, un svastika hindouiste ou l’insigne d’un parti.

Un fonctionnaire (ou assimilé), qu’il soit à l’école, au tribunal ou à l’hôpital, doit s’abstenir de placarder ses options politiques, sexuelles ou religieuses. Cela engendre un soupçon de militantisme et de partialité, même si l’on partage les idées du préposé (ou du commettant).

On respecte les coutumes des lieux de culte: ici ne pas marcher nus pieds, là quitter ses chaussures; ici ôter son bonnet, là porter un fichu; tantôt debout, tantôt à genoux, parfois à plat ventre; cul nu à Bénarès, emburquiné à Nadjaf, capiroté à Séville. Réciproquement, il faut respecter la neutralité de l’administration. Chacun est contraint de la fréquenter: celle-ci ne doit donc pas être connotée par des symboles privés.

La Confédération a eu assez de peine à en finir avec les démêlés religieux qui menaçaient sa formation et sa cohésion, raison pour laquelle il est sage de tenir les germes du prosélytisme hors de la sphère du service public – notre bien commun. En se soumettant à une helvétique modération, on évite froissements et querelles.

Pierre Perroud,

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