La Liberté

Traditions archaïques en cause

Publié le 02.12.2022

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A la lecture du verdict de ce procès, je pense aux quatre femmes victimes pendant plus de quinze ans de violences conjugales après avoir été le fruit de mariages traditionnels organisés par un patriarche balkanique, l’une d’elles à 14 ans à peine (LL du 25.11, «Le père et ses fils n’iront pas en prison»). Acquittement et sursis légers pour les accusés, voilà qui ne pourra qu’encourager la poursuite du respect des traditions encore en vigueur dans les Balkans notamment.

Je pense aussi à l’élève que j’avais accueillie dans ma classe, qui manquait l’école lorsque le père recevait des invités, parce que son devoir était de les servir. A sa sœur, à qui le père avait refusé de fournir des lunettes, parce qu’elles ne lui seraient d’aucune utilité une fois mariée. Peu après, les quatre enfants (dont deux garçons) avaient été l’objet de mariages arrangés par le père, bien intégré en Suisse, marié au pays et en Suisse.

Je pense encore à toutes les victimes de traditions archaïques dont on ne parle pas, parce que le silence et la solidarité dans certains clans sont loi. De nombreuses femmes y sont soumises, utilisées, surveillées, engrossées sans qu’elles ne réagissent. C’est dans cet esprit qu’elles ont été élevées…

«Avant d’enfermer les gens, il faut avoir une base solide pour avoir une conviction», a affirmé le président du tribunal de Moutier pour justifier la décision. Le doute a profité aux accusés, que j’imagine bomber le torse en sortant du tribunal. Et ces femmes de replonger dans le silence (parler dans ces cas-là ne sert à rien), d’essuyer les moqueries dont elles seront l’objet dans leur communauté: on ne remet pas en question la puissance des hommes.

Mary Wenker, Matran

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