Napoléon, le sacre de l’immortel
De l’«usurpateur» au héros transfiguré, comment l’empereur des Français est entré dans la légende
Pascal Fleury
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Bicentenaire » Deux mois! Ce n’est qu’après deux mois que la nouvelle de la mort de Napoléon, le 5 mai 1821 sur l’île de Sainte-Hélène, dans l’océan Atlantique sud, est parvenue à Londres et à Paris. Transmise par bateau par le capitaine William Crokat, officier britannique qui avait assisté à la mort de l’empereur aux côtés de ses proches, la dépêche n’a étonnamment pas fait grand bruit. C’est que le monde a changé depuis le départ pour l’exil, en 1815, du vaincu de Waterloo. Le nom de Napoléon semble appartenir à un temps révolu. La tristesse et le deuil ne sont pas absents, mais se font discrets.
«En 1821, on ne parlait plus de Napoléon, ou peu. Il a cessé de faire peur aux ultras. Les complots bonapartistes ont tourné court, comme les chimériques projets d’évasion de Sainte-Hélène», observe Jean Tulard, de l’Académie des sciences morales et politiques, en préface du riche ouvrage Napoléon n’est plus, catalogue de l’exposition du bicentenaire au Musée de l’Armée, à Paris.