La Liberté

Cher Monsieur Sergio P. Ermotti

Louis Ruffieux

Publié le 19.02.2015

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Comment vous dire notre gratitude, cher Monsieur Ermotti, d’avoir dégagé un peu de votre temps pour nous enseigner la «stratégie pour assurer la prospérité de la Suisse». Votre cours magistral a été publié hier dans quelques journaux, dont «Le Temps». En gros, vous dites, Monsieur le grand patron d’UBS, que pour se maintenir au top de la concurrence internationale, la Suisse doit améliorer les conditions-cadres: moins de réglementation pour l’économie, moins d’impôts, maintien des accords avec l’Europe, etc...

Rien de bien original, Monsieur le CEO, mais comme vous y allez fort dans la forme! Vous écrivez qu’«il est grand temps que le Conseil fédéral et le parlement, dans l’intérêt de la Suisse et de sa compétitivité, ne se préoccupent pas uniquement des prochaines élections, mais assument leurs responsabilités: ils doivent agir sans délai et, s’il le faut, renoncer pour une fois au consensus à tout prix». Ouh là là! Quelle raclée à ces démocrates mous qui nous gouvernent!

Entre nous, cher Monsieur, heureusement qu’à l’automne 2008, le Conseil fédéral n’avait pas à s’occuper d’élections. Votre banque n’existerait plus si, jour et nuit, des ministres ne s’étaient pas entièrement consacrés à son sauvetage, à coups de milliards. Vous n’étiez certes pas là, M. Ermotti, mais sans doute avez-vous entendu parler des petits problèmes rencontrés par votre enseigne aux Etats-Unis, ou du scandale du taux Libor, ou d’autres friponneries qui ont valu à UBS de payer des amendes faramineuses. Si vous aviez vu ces conseillers fédéraux déguisés en pompiers pour apaiser des brasiers allumés par votre banque! Ô ironie, hier encore, en une du «Temps» qui accueillait votre prose, s’affichaient les démêlés judiciaires d’UBS en France…

Ne serait-il pas temps, cher Monsieur, que les grands banquiers, dans l’intérêt de la Suisse et de son image salement écornée par tant d’affaires financières, tirent pudiquement la leçon de quelques événements récents avant de dispenser au pays leur suffisante omniscience?

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