La Liberté

Ils ont leur place à la table familiale

Publié le 01.02.2017

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Éditorial

Ils sont nés en Suisse, y ont suivi cinq ans d’école au moins et possèdent un permis C. Ils sont petits-enfants de migrants venus travailler dans nos champs, nos usines, nos hautes écoles. Ils jouent au foot ou dansent au village, parlent le français avec l’accent gruérien ou imité des banlieues – comme nos gamins. En clair, ils sont d’ici. Sans pour autant avoir un siège attitré à la table familiale. Il est temps de leur y faire une place à part entière.

Soumise à votation fédérale le 12 février, la naturalisation facilitée des jeunes étrangers de la troisième génération ne changera rien dans les cantons de Fribourg et de Vaud, qui leur accordent déjà une procédure allégée. En revanche, elle rendra moins compliqué et onéreux l’accès au passeport à croix blanche dans huit cantons. Pour autant, la naturalisation ne deviendra pas automatique. Les candidats devront toujours en faire la demande. Mais au vu des racines plantées en Suisse par leur famille, ils seront présumés intégrés. Aux autorités, le cas échéant, de prouver le contraire. Et les critères fixés sont sévères: les requérants devront respecter la loi, payer leurs impôts et ne pas toucher l’aide sociale, notamment.

Il incombera à la Confédération de vérifier que toutes ces conditions sont remplies, auprès des cantons. Ceux-ci pourront consulter les communes en cas de doute, pour mieux coller au terrain. Dès lors, la naturalisation d’une jeune femme en burqa ressemble à une chimère – en clair, à une créature fantastique malfaisante que l’UDC agite pour faire peur. En cas de oui, ce sont en effet majoritairement de jeunes Italiens qui pourront prétendre demain à la naturalisation facilitée. Quant aux immigrés d’aujourd’hui, ils sont d’abord Européens de l’Ouest. On est enfin bien loin des «naturalisations de masse» dénoncées par le parti conservateur. Moins de 25 000  ersonnes sont concernées par le projet. Pour leur faire une place autour de la table, il suffira de se serrer un peu. SERGE GUMY

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