La Liberté

Les illusions d’«Egopop»

Louis Ruffieux

Publié le 19.11.2014

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Il n’y aura ni un habitant ni une atteinte à l’environnement de moins sur la planète si l’initiative «Ecopop» est acceptée en votation le 30 novembre. Mais de gros problèmes en plus, assurément.

L’initiative prône la préservation durable des ressources naturelles, dont les pays les plus avancés abusent sans vergogne. Beau programme! Mais la méthode laisse pour le moins songeur. Elle propose que la Suisse, qui représente un 12 000e de la surface terrestre, verrouille un peu plus ses frontières et voue 150 millions de francs par an à la régulation des naissances ailleurs. Cela s’appelle, trivialement, cacher l’étron sous le tapis en se regardant le nombril comme un colon du XIXe siècle. «Ecopop»? «Egopop», oui.

Porteuse d’une solution apparemment simple, l’initiative peut séduire les partisans de l’article constitutionnel «contre l’immigration de masse», accepté le 9 février. Cette expression d’un ras-le-bol face à la forte croissance de la population et aux pressions qu’elle engendre attend toujours sa traduction concrète, et pour cause: entre la chèvre européenne, le chou populaire, les besoins de l’économie et de la santé publique, le Conseil fédéral joue une partie délicate dont dépendront nos relations avec notre principal partenaire économique. Est-ce le moment d’en remettre une couche, en oubliant que l’attractivité de la Suisse n’est que le tribut de sa réussite? Même les associations de protection de la nature rejettent «Ecopop», qui pourrait favoriser la venue massive de frontaliers… en voiture.

Depuis qu’il est sur la Terre, l’homme n’a eu de cesse de chercher de meilleures conditions de vie. Son histoire n’est qu’une succession de migrations et d’alternances des points de départ (le canton de Fribourg en fut un) et de chute. Pour préserver la nature, une haie de thuyas aux frontières ne camouflera pas notre comportement quotidien de consommateur gaspilleur d’eau, de sol et d’énergies fossiles. La solution est entre nos mains. N’en déplaise aux partisans d’«Ecopop», l’enfer, ce n’est pas toujours les autres.


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