A peine ouvert mardi matin à Bulle, le procès d'un pédophile récidiviste et ex-patron de bar gay à Pattaya a été suspendu jusqu'à demain. Selon l'avocat commis d'office du septuagénaire, son client a déjà comparu devant la justice thaïlandaise pour les faits qui lui sont à présent reprochés. C'était en mai 2014 et l'homme était ressorti libre du tribunal. Or on ne peut juger un homme deux fois pour des faits identiques. Mais sur quoi portait au juste son acquittement au bénéfice du doute?

C'est ce que devront déterminer les juges gruériens, sur la base de versions pour le moins contradictoires. D'après la défense, le tribunal de Pattaya avait une connaissance complète du dossier et des éléments réunis par la police thaïlandaise concernant les activités du pédophile, déjà condamné à deux reprises en Suisse dans les années 80 et 90. Le Ministère public et les avocats des parties civiles relèvent au contraire l'extrême concision du jugement, qui ne fait explicitement référence qu'au cas d'un seul garçon accusant le Lucernois d'abus sexuels.

En filigrane, l'accusation a laissé entendre que l'instruction menée par la justice thaïe avait été pour le moins lacunaire. Un des avocats de la partie civile a rappelé au passage que le prévenu avait payé, rubis sur l'ongle, une caution de 60'000 francs pour sortir de prison. Une somme dont la trace s'est perdue dans les méandres de l'appareil judiciaire de la province de Chonburi.