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Les députés ne veulent pas d'un salaire minimum

Le Grand Conseil fribourgeois ne veut pas instaurer de salaire minimum dans le canton. Les députés ont rejeté une motion en ce sens, suivant l'avis du Conseil d'Etat, la droite estimant que le partenariat social suffisait dans le domaine.

Les députés ont rejeté la motion par 65 voix, contre 38 pour et 2 abstentions. © Keystone
Les députés ont rejeté la motion par 65 voix, contre 38 pour et 2 abstentions. © Keystone

ATS

Publié le 05.02.2019

Les députés ont rejeté la motion par 65 voix, contre 38 pour et 2 abstentions. Elle avait été déposée par les députés socialiste Xavier Ganioz et chrétien-social Benoît Rey. Tous deux demandaient l’instauration d’un salaire minimum de 22 francs de l’heure, afin de pouvoir «lutter contre la pauvreté et contribuer au respect de la dignité humaine».

La droite contre

«C'est une question de courage», a expliqué Xavier Ganioz. «Il s'agit d'assurer un salaire digne pour constituer un barrage efficace à la sous-enchère. Ce d'autant plus qu'un nombre croissant de famille bascule dans la pauvreté». Le montant de 22 francs (environ 4000 francs par mois) serait adapté chaque année au renchérissement.

Par la voix de Stéphane Peiry, l'UDC a rejeté l'idée même d'un salaire minimum, notant qu'il inciterait à engager au niveau du seuil fixé, à l'instar de ce que connaît la France. Le PDC a loué le partenariat social. «Le partenariat social suffit et permet de tenir compte de la situation de chaque branche», a souligné Daniel Bürdel.

Le PLR a lui aussi rejeté la motion. La députée Johanna Gapany a rappelé le rôle de son parti dans l'édification du succès économique de la Suisse. «En revanche, nous ne serons pas les architectes du salaire minimum. Le salaire est une source d'indépendance», a-t-elle précisé, vantant à son tour les conventions collectives de travail (CCT).

Fixer des règles

«Le partenariat social a besoin de règles pour fonctionner», a rétorqué Benoît Rey, l'autre motionnaire, en réponse notamment à Daniel Bürdel. Le chrétien-social a admis que le salaire minimum «ne résoudra pas le problème de la pauvreté, mais il apportera un soutien à ceux qui souffrent des bas salaires».

Dans sa réponse, le conseiller d'Etat Olivier Curty a motivé son invitation à rejeter le texte par le fait qu'il n'est pas possible à ses yeux d'imposer un salaire minimum identique dans tout le canton, «sans tenir compte des différences régionales et sociales». L'élu UDC en a appelé à la responsabilité des partenaires sociaux.

L'exécutif cantonal engage ces derniers à se réunir pour convenir des salaires de branches ou d’entreprises plutôt que de légiférer sur un salaire minimum général, sans lien avec les particularités d’une branche. De plus, la loi n'atteindrait que marginalement sa cible, a affirmé Olivier Curty, en charge de l'économie et de l'emploi.

Cas neuchâtelois

Le Conseil d'Etat rappelle en effet que selon un rapport de 2016 seuls 21,7% des bénéficiaires de l’aide sociale sont des actifs occupés. «Cela signifie que près de 80% des personnes en situation de pauvreté ne peuvent pas être soutenues par une mesure passant par un salaire minimum.»

Des cantons comme Neuchâtel, le Jura et le Tessin ont déjà adopté ou sont en passe d’adopter une loi fixant un salaire minimum. Le gouvernement fribourgeois évoque le cas neuchâtelois, où l'instrument est en vigueur depuis un an, en précisant qu'il était «prématuré d'en tirer un quelconque enseignement pour notre canton».

Plus loin, le Conseil d'Etat ajoute vouloir «suivre avec attention le prochain rapport sur la situation sociale et la pauvreté dans le canton de Fribourg pour en évaluer l’évolution.»

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