Une quenelle et le geste «Au-dessus, c’est l’soleil» aux championnats de Suisse à Frauenfeld, le 25 juillet 2014, un deuxième geste reproduit le 16 août 2014 aux championnats d’Europe d'athlétisme: Pascal Mancini avait clairement fait allusion à plusieurs reprises à l’univers de l'humoriste Dieudonné dont il est fan.

Dans la foulée de ces gestes à connotation diversement appréciée (la quenelle représente un «salut nazi inversé» et un geste antisémite pour les détracteurs de Dieudonné, mais un bras d’honneur revisité pour les fans de l’humoriste, une sorte de geste antisystème), Swiss Athletics avait convoqué Pascal Mancini au mois d'août 2014 puis lui avait «infligé un blâme», indique le journal «GHI» dans son édition du 24 août.

Mais l'affaire ne s'arrête pas là. Pascal Mancini a fait recours. L’athlète fribourgeois a été entendu par le Tribunal arbitral du sport (TAS), précise l'hebdomadaire genevois: «Vendredi 19 août dernier, une audience, sollicitée par la défense, s’est déroulée à Genève, au cabinet de l’étude Lévy Kaufmann-Kohler, spécialisée dans l’arbitrage international».

Pas de jurisprudence pour la quenelle

L'avocat de Pascal Mancini, Me Pascal Junod, estime comme «totalement injustifié» le blâme que Swiss Athletics a infligé au Fribourgeois. «La Fédération a considéré ces gestes comme anti-sportifs sans réellement motiver sa décision, mais on peut aisément admettre que si des organismes ouvertement politiques comme la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) et la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation (CICAD) ne s’étaient pas manifestés, cette affaire n’aurait pas donné lieu à sanction. C’est donc d’abord l’indépendance de cet organisme qui est ici mis en cause» souligne le juriste.

Pour Me Junod, le geste «Au-dessus, c'est le soleil» n’a jamais fait polémique et il manque une jurisprudence pour pouvoir condamner Pascal Mancini pour sa quenelle. «Dans la réalité, force est de constater que sur les dizaines de milliers de tweets relayés sur le net (dans lesquels on peut voir une quenelle, n.d.l.r.), pratiquement aucun n’a fini devant les tribunaux et Dieudonné lui-même n’a jamais été poursuivi pour ce geste», conclut-il.