La Liberté

Des prêtres traditionalistes sur le parcours de la Pride

L'ultraconservatrice Fraternité Saint-Pie X sera présente sur le parcours de la Pride de Fribourg samedi. Les organisateurs de la manifestation disent avoir été mis devant le fait accompli. La Préfecture estime qu'il n'y a pas de problème.

En juin 2013, quelques prêtres et des jeunes représentants de la fraternité Saint-Pie X étaient déjà venus manifester leur opposition à la Pride en terres fribourgeoises. © Vincent Murith/La Liberté
En juin 2013, quelques prêtres et des jeunes représentants de la fraternité Saint-Pie X étaient déjà venus manifester leur opposition à la Pride en terres fribourgeoises. © Vincent Murith/La Liberté
En juin 2013, quelques prêtres et des jeunes représentants de la fraternité Saint-Pie X étaient déjà venus manifester leur opposition à la Pride en terres fribourgeoises. © Vincent Murith/La Liberté
En juin 2013, quelques prêtres et des jeunes représentants de la fraternité Saint-Pie X étaient déjà venus manifester leur opposition à la Pride en terres fribourgeoises. © Vincent Murith/La Liberté

ATS

Publié le 22.06.2016


Images des éditions précédentes à Fribourg

Sur la parcours de la Pride 2016, qui s'annonce bigarré, tout en chars et musiques, les participants et les spectateurs devraient rencontrer sur le boulevard de Pérolles entre 20 et 50 prêtres et hommes de la Fraternité Saint-Pie X, qui se dit traditionaliste. Ils chanteront et prieront en latin.

Ce n'est pas une première. En 2013, lors de la précédente Pride de Fribourg, les organisateurs, la Fraternité et les autorités fribourgeoises s'étaient mis d'accord sur les modalités de la participation des suiveurs de Mgr Lefebvre. La sécurité avait été adaptée en conséquence, aucun incident grave n'avait été relevé, tout au plus quelques échanges houleux.

«Nous n'avons pas eu de contact avec la Fraternité»

«Cela s'était fait en concertation, dans le refus de la confrontation et le respect de la liberté d'expression», explique à l'ats la chargée de communication de la Pride, Amandine Bayizila.

Mais cette année, «nous n'avons pas eu de contact avec la Fraternité. La Préfecture a autorisé leur présence, nous ne pouvons pas refuser. Le lieu de leur stand, le contenu et leur manière de manifester: nous n'avons pas pu en discuter», regrette Mme Bayizila. Des associations cantonales LGBTI n'ont pas caché leur dépit.

Du côté de la Préfecture de la Sarine, qui délivre les autorisations de manifester, on ne voit pas le problème. La demande formelle de manifester de la Fraternité est arrivée le 15 juin, cette dernière a été contactée par la police cantonale, l'autorisation est sur le point d'être délivrée, a-t-elle indiqué.

Désaccord et opposition

Nous y allons dans un esprit pacifique, a indiqué pour la Fraternité le père Schreiber, qui supervisera ses ouailles sur place. «Mais nous voulons aussi montrer notre désaccord quant au fait qu'il y a toujours plus de droits pour les homosexuels», a-t-il poursuivi.

Au risque d'attiser les tensions et de provoquer? «On ne montrera pas de colère, seulement notre opposition. Ils manifestent, nous pouvons le faire aussi.» Et de se montrer rassurant: «nous sommes un petit groupe, cadré, séparé des manifestants par la police, je ne crois pas qu'il y aura de problèmes», selon le père. «Si c'est le cas, nous prendrions des mesures.»

Interdire les provocations

A la demande de la Préfecture et de la police cantonale, les organisateurs de la Pride ont dû ajouter un article à leur règlement concernant la sécurité, que les participants doivent s'engager à respecter par écrit. «La Fraternité s'engage à ne pas troubler la parade.» En contre-partie, «les provocations, y compris verbales, ou tout acte considéré comme hostile envers la Fraternité, sont interdits.»

Le texte stipule aussi que les contrevenants seront exclus du cortège. Rien d'anormal, assure-t-on à la Préfecture. Le texte est conforme à la pratique usuelle en matière de cortège.

«La Préfecture nous a demandé le 9 juin seulement de renforcer l'aspect sécuritaire, nous collaborons, on comprend leur position. Mais on aurait voulu que cela se passe autrement», souffle encore Mme Bayizila. La Pride aura son propre service d'ordre, des professionnels soutenus par une équipe de bénévoles.

Intégristes pas intégrés

«On ne craint pas de débordements», disent les organisateurs. «Nous ne sommes pas fermés au dialogue, mais nous n'intégrerons certainement pas la Fraternité à la manifestation.»

Pour la Préfecture non plus, pas de risques de débordements en vue: «une appréciation de la situation a été faite par la police cantonale et l'analyse des risques se poursuit». Un dispositif policier est prévu, le nombre de pandores engagés n'a pas été communiqué.

Même pas peur

Reste que la Pride 2016 sera imprégnée d'une émotion particulière, deux semaines après la tuerie dans un club homo d'Orlando, qui a fait 49 morts et 53 blessés. Ses organisateurs souhaitent que la population se déplace en masse pour montrer que la peur n'a pas sa place.

Il s'agit de la 15e édition des Prides romandes. La précédente avait eu lieu l'an passé à Sion, et avait attiré entre 7000 et 8000 participants et spectateurs sur une seule journée. La Fraternité Saint-Pie X n'avait finalement pas tenu de contre-manifestation à l'heure et à l'endroit prévus, hors du circuit de la fête.


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