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L'industrie fribourgeoise s'attend à une dégradation des conditions économiques

Selon l'enquête conjoncturelle d'automne de la Chambre de commerce et d'industrie du canton de Fribourg, les entreprises tournent bien, mais craignent les conséquences de la crise énergétique, de l'inflation et de la guerre en Ukraine.

L'industrie fribourgeoise se montre particulièrement préoccupée par l'évolution de la situation conjoncturelle en 2023. © Charles Ellena
L'industrie fribourgeoise se montre particulièrement préoccupée par l'évolution de la situation conjoncturelle en 2023. © Charles Ellena

MRZ

Publié le 07.11.2022

Les entreprises sondées par la Chambre de commerce et d'industrie du canton de Fribourg (CCIF) font état d’une solide marche des affaires et s’attendent à ce que cela perdure jusqu’à la fin de l’hiver, malgré une perte de vigueur dans le secteur secondaire. Ensuite, la crise énergétique et ses conséquences sur les prix, les problèmes d’approvisionnement, l’inflation générale et le contexte de guerre en Ukraine devraient peser sur l’activité au cours de l’année 2023. Les entreprises actives dans l’industrie, en particulier d’exportation, sont particulièrement inquiètes.

Ces prévisions se fondent sur la compilation des réponses fournies, entre le 22 août et le 3 octobre 2022, par 255 entreprises membres de la CCIF, employant plus de 14’300 collaborateurs. Cet échantillon représente un emploi privé sur huit dans le canton et un sur quatre pour les secteurs de l’industrie et de la construction.

Industrie d’exportation préoccupée

Début octobre, 55% des entreprises jugeaient la marche de leurs affaires «bonne» à «excellente», contre seulement 10% qui la qualifiaient de «médiocre» à «mauvaise». Cette situation est comparable à celle qui prévalait à l’automne 2019, avant la crise du Covid, relève la CCIF.

Le secteur secondaire, davantage que la branche des services, se montre toutefois préoccupé par l’évolution de la situation à partir de la fin du 1er trimestre 2023. Seules 26% des entreprises industrielles se déclarent ainsi positives dans un horizon au-delà de 6 mois, tandis que plus d’un tiers d’entre elles (36%) basculent dans les attentes négatives. Parmi les entreprises exportatrices, 43% se disent pessimistes. La CCIF précise que ces projections ne tiennent pas compte d’un possible rationnement de l’électricité, ni d’une éventuelle crise découlant de coupures quotidiennes du réseau électrique pendant plusieurs semaines (un scénario que le Conseil fédéral juge cependant peu probable, selon ses récentes déclarations). Dans le secteur secondaire toujours, 28% des entreprises jugent négativement leur rentabilité.

La majorité mise sur une hausse du prix de l’électricité inférieure à 20%

Compte tenu des carnets de commande bien remplis en cette fin d’année, le marché de l’emploi restera très dynamique au cours des prochains mois: 27% des entreprises sondées entendent accroître leurs effectifs en 2023. Seules 6% prévoient de supprimer des postes. La hausse moyenne des salaires s’inscrit à 1,9% pour 2023, soit 2,2% dans l’industrie et 1,5% dans les services. 

D’après 16% des entreprises ayant participé à l’enquête, la hausse du prix de l’électricité pourrait être supérieure à 50% par rapport à 2022. En revanche, 59% d’entre elles prévoient une hausse inférieure à 20%. Plus d’une société sur deux a procédé à des adaptations de l’éclairage et du chauffage. Près d’un tiers s’est appliqué à améliorer les processus. Une entreprise sur cinq environ – et même un petit tiers dans le secondaire – mise sur l’autoproduction. En cas de limitation de l’approvisionnement électrique et/ou d’autres sources d’énergie, 62% des entreprises du secondaire prévoient d’arrêter partiellement la production, contre 24% dans le tertiaire. Une entreprise sur 20 pense devoir tout stopper. Le télétravail serait une solution pour 61% des entreprises de services et 38% des sociétés industrielles.

L’énorme majorité des entreprises sondées n’a pas mis en place de mesures anticipatives. Dans l’industrie et la construction, 24% des sociétés se sont dotées d’un plan de continuité, contre 13% dans les services. Les entreprises du secondaire sont 10% à prévoir de changer de source d’énergie, proportion tombant à 6% dans le tertiaire. Les sociétés veulent surtout des clarifications: 80% attendent des instructions de la part des autorités.

Ruptures d’approvisionnement

Des ruptures d’approvisionnement en matières premières sont signalées par 45% de l’ensemble des sociétés, part qui monte à 65% dans le secondaire. A noter que ces proportions étaient encore de 50% et 80% l’an dernier. Les conséquences de cette situation sont des retards de livraison (82%), des hausses de prix d’achat (57%) et de coûts de transports (56%). Une part non négligeable des entreprises fait état d’un ralentissement de l’activité (42%) et de suspension de projets (36%). Seules 4% ont toutefois dû recourir au chômage partiel. Elles ont été 67% à augmenter leurs prix de vente, 60% à diversifier leurs fournisseurs et 47% à augmenter leurs stocks. Certaines ont renégocié des contrats avec la clientèle (25%) et se sont tournées vers des matériaux de substitution (20%).

Plus de la moitié des sociétés sondées font état d’une hausse du prix de l’ensemble des intrants (hors énergie) de plus de 10%. Pour 13% d’entre elles (18% dans le secondaire), l’envol des prix se situe entre 26% et 50%. Une société sur dix table sur une nouvelle envolée en 2023, mais plus de la moitié estime que la hausse du prix des intrants ne dépassera pas 10% l’an prochain.

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