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«Je regrette que l'UDC n'ait pas eu le courage d'engager le débat»

«J'invite l'UDC à discuter», a déclaré Mohamed Ali Batbout, président des Associations musulmanes de Fribourg (AMF). Il réagissait au lancement par l’UDC, d'une initiative contre le Centre suisse islam et société (CIS), à l'Université de Fribourg.

Mohamed Ali Batbout est éducateur spécialisé et docteur en philosophie. © Vincent Murith/La Liberté
Mohamed Ali Batbout est éducateur spécialisé et docteur en philosophie. © Vincent Murith/La Liberté
«Je regrette que l'UDC n'ait pas eu le courage d'engager le débat sur la question du CIS», confie le responsable musulman. © Vincent Murith/La Liberté
«Je regrette que l'UDC n'ait pas eu le courage d'engager le débat sur la question du CIS», confie le responsable musulman. © Vincent Murith/La Liberté

APIC

Publié le 29.01.2015

«Je regrette que l'UDC n'ait pas eu le courage d'engager le débat sur la question du CIS», confie le responsable musulman. Bien qu'il reconnaisse pleinement le droit au parti de le faire, il considère que la formation politique aurait dû le faire «sans prendre le peuple en otage» et sans amener le débat sur le plan émotionnel.

«On ne peut pas tout le temps jouer sur la peur», affirme Mohamed Ali Batbout, qui souligne que la présence musulmane en Suisse est une réalité qu'il faut prendre en compte.

Un moyen de lutte contre l'extrémisme

Pour le président des AMF, la démarche de l'UDC ne favorise pas le «vivre ensemble». Le Centre est important pour la société toute entière, martèle-t-il, et pas seulement pour les musulmans. De telles initiatives qui visent à augmenter la compréhension de l'islam par les non musulmans et la compréhension de la culture occidentale et suisse par les musulmans est un moyen de lutter contre l'extrémisme, assure-t-il.

Mohamed Ali Batbout a également tenu à rappeler que le CIS n'était pas une initiative de la communauté musulmane, bien que cette dernière ait apporté sa contribution au projet.

Au-delà de la comptabilité

Il a qualifié de «réducteur» l'argument de l'UDC selon lequel le Centre coûterait trop cher dans un contexte budgétaire difficile au niveau cantonal. Pour le responsable musulman, une telle action préventive ne peut en effet pas être réduite à des aspects comptables. Sa valeur est inestimable pour le bien-être du pays et de la société.

Le président des AMF se demande en outre pourquoi l'héritage catholique de l'Université serait, comme le prétendent les démocrates du centre, menacé par la démarche du CIS, qui vise à former de façon continue les imams déjà actifs en Suisse, ainsi que les professionnels en contact avec la communauté musulmane. Il ne voit pas au nom de quoi l'action scientifique de l'Université devrait se limiter à l'identité religieuse locale. «Si l'on ne devait parler à l'Université que de ce qui est propre à la région de Fribourg, cela signifierait un affaiblissement certain de la transmission du savoir», souligne le responsable islamique.

Penser à long terme

L'UDC estime également qu'il n'y a pas besoin de créer un centre spécifique, du moment que les connaissances du christianisme, de l’histoire suisse ou de la pédagogie peuvent s'acquérir par d'autres filières universitaires. Mohamed Ali Batbout pense au contraire qu'une telle démarche est absolument nécessaire pour apporter une réponse à long terme aux problèmes qui se posent en rapport à l'islam.

Il ne faut pas tenter de diluer les actions positives. Il s'agit de prendre le problème une fois pour toutes à bras-le-corps», lance le responsable musulman.

 

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