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Deux condamnations après l'incendie de l'Hôtel Kaiseregg

Le Tribunal de la Sarine a prononcé jeudi des peines de 4 ans et demi et 30 mois de prison contre deux hommes qu'il a jugés responsables d'avoir commandité l'incendie de l'hôtel désaffecté de Planfayon en janvier 2015.

L'Hôtel Kaiseregg a été détruit par un incendie dans la nuit du 18 au 19 janvier 2015. © Charles Ellena
L'Hôtel Kaiseregg a été détruit par un incendie dans la nuit du 18 au 19 janvier 2015. © Charles Ellena

MRZ

Publié le 22.03.2018

Les juges ont largement suivi le réquisitoire du procureur général fribourgeois Fabien Gasser. En décembre dernier, le magistrat avait déjà obtenu la condamnation de l'exécutant qui s'était chargé du sale boulot consistant à mettre le feu à la bâtisse. L'homme, âgé de 34 ans, a écopé de 33 mois de prison (dont 6 fermes) après avoir admis les faits et désigné le commanditaire principal de l'incendie.

Selon la thèse de Fabien Gasser, qui a convaincu le Tribunal de la Sarine, ledit commanditaire est un commerçant d'une quarantaine d'années très défavorablement connu de la justice. Cet homme, qui aime à se présenter comme l'ancien bras droit d'un mafieux turc ayant bien occupé les tribunaux fribourgeois par le passé, était en affaires avec le copropriétaire de l'hôtel Kaiseregg, qui souhaitait raser le bâtiment afin de le remplacer par un complexe d'appartements – avec la bénédiction des autorités locales.

Problème: l'hôtel désaffecté était jugé digne de protection par le Service des biens culturels. D'après l'accusation, les deux hommes ont alors décidé de le faire incendier, autant pour s'en débarrasser que pour toucher l'indemnité d'assurance avoisinant 2 millions de francs. Les juges sarinois, qui ont accrédité ce scénario fondé sur un large faisceau d'indices pointant en direction du duo – à commencer par les aveux de l'exécutant –, ont estimé qu'ils avaient mûrement réfléchi leur plan.

Le copropriétaire de l'hôtel (l'autre propriétaire étant son épouse) a écopé, conformément aux réquisitions du Ministère public, d'une peine nettement plus légère que son coaccusé. Ce sexagénaire pouvait se targuer, jusqu'à jeudi, d'avoir un casier judiciaire vierge. Sur les 30 mois de prison dont il a écopé, 6 sont toutefois fermes. Le solde a été assorti d'un sursis de 3 ans.

Son voisin de banc d'infamie ne peut pas se prévaloir d'une telle virginité judiciaire: il comparaissait pour la quatrième fois devant un tribunal de première instance. Il a en outre été condamné jeudi pour d'autres délits annexes, notamment l'envoi d'une lettre de menaces invitant l'exécutant de l'incendie à revenir sur ses aveux.

Les deux accusés ayant nié, et continuant à nier toute implication dans la destruction de l'Hôtel Kaiseregg, il est vraisemblable que le jugement rendu par le Tribunal de la Sarine fera l'objet d'un appel.

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