Dans son réquisitoire, la magistrate a dressé le portrait d'un pervers qui ne se contentait pas d'abuser de jeunes garçons pour satisfaire ses propres désirs, mais avait également mis sur pied un véritable réseau de prostitution et d'échanges de photos pédopornographiques à l'intention de sa clientèle occidentale. Selon elle, cette affaire est emblématique de la lutte internationale contre la traite des enfants.

Dans leurs plaidoiries respectives, les avocats de trois des victimes de l'accusé – qui est soupçonné d'avoir abusé de plus de 80 garçons et adolescents – n'ont pas caché le sentiment de dégoût que leur inspirait ce dossier. Ils ont demandé au tribunal de condamner le pédophile à verser un total de 140'000 francs d'indemnités pour tort moral à leurs clients, qu'ils ont pu rencontrer lors d'un voyage en Thaïlande. Entre-temps devenus adultes et pères de famille pour certains, ils ont encore du mal à évoquer cette histoire.

Beaucoup d'autres personnes dont les noms sont cités dans ce dossier ne se sont pas portées partie civile. Selon l'accusation, ils y ont renoncé notamment par honte de ce qui leur était arrivé, ou en raison de pressions subies de la part de leur entourage. Le pédophile savait en effet se montrer généreux avec certaines familles, dont il était parfois devenu la principale source de revenus.

Les juges gruériens rendront leur décision dans deux à trois semaines.