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«Rien ne change concernant les comportements individuels»

Tout en saluant le plan de déconfinement présenté le veille par Alain Berset, le Conseil d'Etat a expliqué vendredi comment il comptait l'appliquer. «Nous devons apprendre à vivre avec le covid-19», a résumé Anne-Claude Demierre.

Le Conseil d'Etat, avant les mesures de distanciation sociale. © Alain Wicht - archives © Alain Wicht - archives
Le Conseil d'Etat, avant les mesures de distanciation sociale. © Alain Wicht - archives © Alain Wicht - archives

AS

Publié le 17.04.2020

C’est avec «prudence et responsabilité» que le Conseil d’Etat va mettre en uvre le plan de déconfinement en plusieurs étapes annoncé hier par le Conseil fédéral, a expliqué Maurice Ropraz vendredi lors d’une conférence de presse à Forum Fribourg.

Le conseiller d’Etat dit apprécier avoir de la marge de manœuvre pour anticiper le retour à la normale en plusieurs phases, ce qui n’a pas été le cas jusqu’ici dans cette gestion de crise. «Nous pourrons préparer le terrain, notamment pour la réouverture des écoles le 11 mai, avec une décision définitive le 29 avril», a-t-il précisé. En attendant, «rien ne change concernant les comportements individuels», a résumé le gouvernement vendredi.

«Il y a presque davantage de questions après la conférence de presse de jeudi qu’avant. »

Jean-Pierre Siggen

Maurice Ropraz n’a pas hésité à adresser quelques critiques au Conseil fédéral, mentionnant un flou sur les masques mais aussi sur la situation des enfants. «Alain Berset et Daniel Koch ont dit qu’ils ne pouvaient pas être malades. Pourquoi ne peuvent-ils pas rencontrer leurs grands-parents?», s’est interrogé le directeur du Département de la sécurité.

«Il y a presque davantage de questions après cette conférence de presse qu’avant», a renchéri Jean-Pierre Siggen. Le directeur de l’Instruction publique va aller chercher des réponses auprès de l’OFSP. «Nous voulons une analyse sanitaire complète qui débouche sur une synthèse.» 

Les «experts» des réseaux sociaux

La Suisse, qui a l'habitude de la certitude, «doit apprendre à gérer l’incertitude impliquée par le coronavirus», a tempéré Maurice Ropraz. «Beaucoup d'internautes s'érigent en experts sur les réseaux sociaux alors que les spécialistes, eux, restent dans le questionnement. Cela nous apprend la modestie», a ajouté le conseiller d’Etat. «La tâche du politique n'est pas aisée, et nous mesurons la gravité des décisions que nous devons prendre. Le canton de Fribourg n'a pas à rougir de sa gestion jusqu'à ce jour.»

Les choses vont se décanter par étapes, pas à pas, avec la possibilité de revenir en arrière. Pas de dates de réouverture pour les bars, restaurants et discothèques, et pas non plus pour les grandes manifestations. «Il est peu probable que les grands événements puissent avoir lieu dans notre canton cet été», a expliqué Maurice Ropraz, reconnaissant qu’il s’agit de  «décisions lourdes, avec leur lot d’incompréhension». Le Conseil d’Etat fera tout pour éviter des distorsions de concurrence entre établissements.

«Nous pensons que cela prendra deux ans»

Sur le plan sanitaire, Anne-Claude Demierre a expliqué que le Conseil d’Etat «ne baisserait pas la garde». «Nous restons prêts à toute éventualité. Nous garderons 30 lits de soins intensifs à l’HFR et nous pouvons toujours augmenter ce nombre si besoin. Comme l’a dit Alain Berset hier, nous restons dans une phase d’observation attentive. Nous devons apprendre à vivre avec le covid-19 en évitant absolument de revenir à la case départ», a précisé la Directrice de la Santé.

«Nous parlons beaucoup d’un retour à la normale, mais ce ne sera pas la normalité d’avant le virus», a précisé Ronald Vonlanthen. Le directeur médical de l’HFR estime que cela prendra «deux ans» à l’établissement pour venir à bout du covid-19, à moins qu’un vaccin ne soit développé d’ici là. «Nous avons aujourd’hui presque 70 hospitalisations, nous partons du principe que ce niveau va rester stable. Cela n’est pas la normalité. Nous avons 13 patients aux soins intensifs alors que normalement nous avons 12 lits. Il ne faut pas penser que tout rentrera dans l’ordre le 27 avril.»

«Il faut veiller à ce que le confinement ne dure pas un jour de plus que nécessaire.»

Olivier Curty

Quid du respect des règles de l’OFSP pour les commerces qui pourront rouvrir à la fin du mois? Lorsqu’il faut s’écarter d’une règle (p.ex. les 2 mètres de distance pour les coiffeurs), des mesures correctrices (p.ex. le port d’un masque) devront être prises. Maurice Ropraz a enjoint aux Fribourgeois de continuer de suivre «aussi bien» les règles, mentionnant que la Police cantonale était prête à intervenir comme aujourd’hui.

Distorsion de concurrence?

Enfin, le ministre cantonal de l’économie Olivier Curty a qualifié d’inquiétante la situation, rappelant que le PIB suisse allait baisser jusqu’à 6%. «Il faut veiller à ce que le confinement ne dure pas un jour de plus que nécessaire, mais il ne faut pas traiter la situation avec des remèdes qui soient pires que le mal», a-t-il expliqué. Le conseiller d’Etat a dit ressentir de la frustration dans le domaine de la restauration. «J’ai l’impression qu’il y a une certaine distorsion de la concurrence vis-à-vis des magasins, qui vont pouvoir tout rouvrir.»

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