La Liberté

Un projet pour réfléchir au journal de demain

Des chercheurs fribourgeois tentent, en partenariat avec «La Liberté», de définir les contours du journal de demain dans le cadre du projet AINews. Malgré le recul des tirages, ils sont convaincus que le journalisme professionnel survivra

«La Liberté» est partenaire de ce projet qui cherche à répondre aux nouvelles attentes en matière d'information de proximité. © Philippe Lebet - Keystone-ATS
«La Liberté» est partenaire de ce projet qui cherche à répondre aux nouvelles attentes en matière d'information de proximité. © Philippe Lebet - Keystone-ATS

ATS

Publié le 10.06.2019

«Le numérique offre des possibilités dont on ne connaît pas le potentiel», constate Jean-Marie Ayer, professeur à la Haute école de gestion de Fribourg. L'information a longtemps été symbolisée par le journal papier, qui offre des contenus limités. La question tourne aujourd'hui autour de savoir comment contenter tout le monde.

«Les jeunes lecteurs ne semblent plus se satisfaire de contenus, qui finalement ont toujours été définis par les journalistes eux-mêmes», relève Jean-Marie Ayer. Et le phénomène se poursuit sur les sites internet de ces mêmes journaux papier. «C'est quoi aujourd'hui l'information?» interroge le professeur.

Granularité

Jean-Marie Ayer mentionne la notion de granularité pour étayer son approche. «Jusqu'où aller dans la redéfinition de l'information, comment la produire, avec quels effectifs et combien d'heures de travail», questionne-t-il. Les rédactions doivent mieux connaître leurs lecteurs pour leur permettre d'être à l'origine de contenus.

Il s'agit de trier les informations pour qu'ils puissent lire ce qui les intéresse, avec une dimension de surprise et de personnalisation. «Connaître son lecteur, c'est lui offrir l'opportunité de s'exprimer sur ce qu'il veut lire». Ainsi, en connaissant son lecteur, la boucle est bouclée, affirme Jean-Marie Ayer.

Avec un robot

Dans le contexte, le robot constitue un outil. «Les technologies d'intelligence artificielle introduisent une notion de conversation et d'échange», explique le professeur à la tête du projet AINews. Il s'agit de créer un lien entre numérique et information. Les jeunes sont des utilisateurs des réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Snapchat et autre Twitter).

AINews ambitionne d'introduire l'intelligence artificielle dans les technologies d'agents conversationnels (chatbots) dédiés à la presse. Du coup, le journal local fonctionnera comme un réseau social, avec un flux d'informations régionales. «Une place du village sur laquelle les Fribourgeois pourront discuter de l'actualité locale.»

«Dashboard»

Jean-Marie Ayer évoque la notion de «dashboard», où des indicateurs permettront de connaître ce que les lecteurs veulent. «Pour mesurer ce qui n'existe pas encore». Des quotidiens comme Nice-Matin, en France, ont créé une relation avec le lecteur pour récupérer les jeunes qui s'éloignent, sur la voie du journalisme de solutions.

«Les journaux doivent essayer de donner une forme à cette place du village», résume le professeur. Et ne pas en laisser le soin aux géants du web, qui le font déjà très bien. Un quotidien doit s'interroger sur la valeur de l'information et les aspects émotionnels («j'aime, je participe»). Le spectre se situe entre les deux.

Surprendre

«Sensibiliser la population, créer de l'émotionnel pour susciter un lien». Il s'agit de filtrer et de surprendre. Et Jean-Marie Ayer de prendre l'exemple de la cuisine thaï. «Quand beaucoup connaissent déjà un domaine, pour surprendre, il faut connaître son destinataire. Proposer une recette thaïe à une personne qui a vécu en Thaïlande n’est pas très pertinent, ça ne va pas tellement l’intéresser.»

L'exercice ne revient pas à créer des bulles, mais au contraire à les faire éclater. A partir de là, il y a moyen de créer un modèle d'affaires que le projet ne détaille toutefois pas pour l'heure. Dégager du temps pour des contenus locaux dans un bassin de population, à même de titiller la curiosité. «Les changements viennent des pressions extérieures», note encore Jean-Marie Ayer.

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