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8,8 milliards d'humains en 2100, deux milliards de moins qu'estimé

La Chine pourrait perdre la moitié de sa population d'ici à 80 ans (archives). © KEYSTONE/AP/NG HAN GUAN
La Chine pourrait perdre la moitié de sa population d'ici à 80 ans (archives). © KEYSTONE/AP/NG HAN GUAN


Publié le 15.07.2020


La population mondiale va décliner dès la deuxième moitié du siècle pour atteindre 8,8 milliards en 2100, soit deux milliards de moins que les projections de l'ONU, selon une étude. L'équilibre mondial et au sein des sociétés va être bouleversé.

En raison d'une pression moindre sur les systèmes de production alimentaire et d'émissions moindres de CO2, c'est "une bonne nouvelle pour l'environnement", a indiqué à l'AFP Christopher Murray, directeur de l'Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) à Seattle, qui a mené cette recherche, publiée mercredi dans The Lancet.

Mais "l'inversion de la pyramide des âges aura des conséquences profondes et négatives sur l'économie et l'organisation des familles, des communautés et des sociétés", a-t-il tempéré, même si ces projections ne sont pas "gravées dans le marbre" et que des changements de politiques pourraient modifier les trajectoires des différents pays.

Selon le dernier rapport de l'ONU sur la population mondiale, la Terre devrait porter 9,7 milliards d'habitants en 2050 et 10,9 milliards en 2100, contre 7,7 milliards actuellement. Mais la nouvelle étude remet en cause cette croissance continue au long du XXIe siècle.

Pic en 2064

Les chercheurs de l'IHME, organisme financé par la fondation Bill et Melinda Gates, prédisent un pic dès 2064, à 9,7 milliards de personnes, avant un déclin jusqu'à 8,8 milliards en 2100.

Ce déclin sera lié en grande partie au développement de l'éducation des filles et de l'accès à la contraception qui va faire baisser le taux de fécondité à 1,66 enfant par femme en 2100 contre 2,37 aujourd'hui, selon l'étude. La chute de la fécondité est beaucoup plus rapide que ce que prévoit l'ONU.

Dans 183 pays sur les 195 étudiés, ce taux tomberait d'ici à 2100 sous les 2,1 enfants par femme permettant de maintenir la population sans apport migratoire. Mais l'évolution démographique, intégrant aussi la mortalité et les migrations, variera selon les régions et les pays, selon les chercheurs.

Ces derniers anticipent une possible redistribution des cartes économiques et géopolitiques, même si la puissance d'un Etat ne se réduit pas nécessairement à la seule taille de sa population. Ainsi, la Chine pourrait perdre près de la moitié de ses habitants (1,4 milliard aujourd'hui, 730 millions en 2100), avec un déclin du nombre de personnes en âge de travailler qui va "entraver" sa croissance économique.

Europe impactée

Les Etats-Unis, appelés à perdre prochainement leur place de première économie mondiale, pourraient ainsi repasser devant la Chine d'ici à la fin du siècle, si l'immigration continue à pallier la fécondité en baisse, selon l'étude.

L'Asie et l'Europe devraient perdre des habitants. Elles abritent une grande partie des 23 pays qui devraient voir leur population réduite au moins de moitié: Japon (128 à 60 millions), Thaïlande (71 à 35), Espagne (46 à 23), Italie (61 à 31), Portugal (11 à 4,5), Corée du Sud (53 à 27). Quelques pays comme la France y échappent (65 à 67 millions).

À l'opposé, l'Afrique subsaharienne pourrait voir tripler sa population (1 à 3 milliards), tirée notamment par le Nigeria (206 à 790 millions d'habitants), qui deviendrait en 2100 le deuxième pays le plus peuplé au monde derrière l'Inde.

"Ce sera véritablement un nouveau monde, un monde auquel nous devrions nous préparer dès aujourd'hui", a commenté le rédacteur en chef du Lancet Richard Horton.

ats, afp

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