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Pont effondré à Gênes: Rome en guerre contre la société autoroutière gestionnaire

A la lueur de puissants projecteurs, les équipes de secours ont travaillé sans relâche au milieu des énormes blocs de béton et des morceaux de ferraille, avec l'aide de chiens et de pelleteuses. Les autorités répètent qu'il a des disparus. © KEYSTONE/EPA ANSA/FLAVIO LO SCALZO
A la lueur de puissants projecteurs, les équipes de secours ont travaillé sans relâche au milieu des énormes blocs de béton et des morceaux de ferraille, avec l'aide de chiens et de pelleteuses. Les autorités répètent qu'il a des disparus. © KEYSTONE/EPA ANSA/FLAVIO LO SCALZO
Les secouristes continuent de fouiller les décombres du pont effondré dans l'espoir de retrouver des survivants. © KEYSTONE/AP Vigili Del Fuoco
Les secouristes continuent de fouiller les décombres du pont effondré dans l'espoir de retrouver des survivants. © KEYSTONE/AP Vigili Del Fuoco


Publié le 16.08.2018


L'Etat italien a menacé jeudi de reprendre les concessions autoroutières, deux jours après l'effondrement d'un viaduc autoroutier à Gênes. Les sauveteurs continuaient de leur côté à rechercher des survivants dans les décombres.

Une section de 80 mètres du pont Morandi, sur lequel passait l'autoroute A10 a cédé mardi à l'heure du déjeuner, faisant chuter dans le vide des dizaines de véhicules.

Le dernier bilan est de 38 morts ainsi que 16 blessés, dont neuf se trouvent encore dans un état grave, a indiqué la police jeudi matin. Elle n'a pas dit combien de personnes étaient encore portées disparues dans les décombres.

"Contrôles réguliers"

Autostrade per l'Italia, filiale du groupe italien de concessions à péage Atlantia, qui exploite l'autoroute, a déclaré avoir effectué des contrôles de sécurité réguliers et approfondis sur le viaduc long de 1,2 km, achevé en 1967 et rénové il y a deux ans.

Le gouvernement italien estime néanmoins qu'Autostrade est responsable de la catastrophe. Il a menacé la société de lourdes amendes. Il exige aussi qu'elle contribue à la reconstruction du pont, bien que les enquêteurs n'aient pas encore identifié la cause exacte du drame.

Selon plusieurs médias italiens citant des sources financières, l'Etat pourrait devoir verser des milliards d'euros de compensation pour la révocation de la concession.

Atlantia, qui n'a pu coter jeudi à l'ouverture de la Bourse de Milan face au déluge d'ordres de vente, s'inscrivait en baisse de 25% dans la matinée. Les cours d'autres sociétés de péage telles que SIAS et ASTM étaient également en repli.

"Un péage pour mourir"

Le vice-président du Conseil Luigi Di Maio, issu du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, anti-système), a déclaré que l'Etat devrait songer à reprendre la gestion des autoroutes si les concessionnaires ne pouvaient pas faire leur travail correctement.

"Il n'est pas possible d'acquitter un péage pour mourir", a déclaré Luigi Di Maio. "Ceux qui étaient supposés effectuer le travail de maintenance ne l'ont pas fait correctement. Ce pont aurait dû être fermé avant que cette tragédie ne se produise."

"Les profits que ces entreprises réalisent en tant que monopoles mettent en colère de nombreuses personnes (...). Il aurait fallu investir beaucoup d'argent dans la sécurité. Au lieu de cela, c'est allé dans les dividendes", a-t-il ajouté.

Des morceaux de béton tombaient

Les experts et ceux qui vivaient près de cet ouvrage vieux de 50 ans ont déclaré qu'il avait commencé à avoir des problèmes moins de 20 ans après sa construction. Selon un habitant, des morceaux de béton ont commencé à tomber dès les années 1980. Le président du Conseil, Giuseppe Conte, a déclaré l'état d'urgence à Gênes, l'un des ports les plus actifs d'Italie.

Autostrade a déclaré avoir fait appel à des experts internationaux pour effectuer des tests et effectuer des inspections sur le viaduc et que ces contrôles avaient donné des résultats rassurants. "Ces résultats ont constitué la base des travaux de maintenance approuvés par le ministère des Transports conformément à la loi et aux termes de l'accord de concession", indique Autostrade.

La société a aussi assuré travailler "d'arrache-pied" à la reconstruction du pont, qui devrait "être achevé dans les cinq mois" une fois le site accessible après la fin des recherches et des relevés d'enquête. Elle doit tenir la semaine prochaine un conseil d'administration extraordinaire sur cette catastrophe, indique-t-on de source proche du dossier.

ats, afp, reu

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