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A Nantes, une troisième nuit émaillée de violences

Un millier de personnes ont participé à une marche blanche à Nantes pour réclamer la "vérité" sur la mort d'un jeune homme tué mardi soir par le tir d'un policier. © KEYSTONE/AP/MICHEL EULER
Un millier de personnes ont participé  à une marche blanche à Nantes pour réclamer la "vérité" sur la mort d'un jeune homme tué mardi soir par le tir d'un policier. © KEYSTONE/AP/MICHEL EULER


Publié le 06.07.2018


La nuit de jeudi à vendredi a de nouveau été émaillée de violences à Nantes, 48 heures après la mort mardi soir d'un jeune homme tué par le tir d'un policier qui a été placé en garde à vue. En fin de nuit, aucun blessé n'était à déplorer.

Lors de cette troisième nuit consécutive de violences, "une bonne cinquantaine de véhicules ont été incendiés" dans différents secteurs de la ville, a-t-on appris auprès des pompiers. La police a interpellé trois personnes, dont un mineur de 14 ans en possession d'un bidon d'essence et de mèches, placé en garde à vue.

Le lycée professionnel Léonard de Vinci, dans le quartier de la Bottière, au nord-est de Nantes, a fait l'objet d'une tentative d'incendie, de même qu'une station service dans le même quartier. La façade du lycée est partiellement noircie, ont constaté les journalistes de l'AFP. "L'incendie volontaire" qui a visé la station service a été rapidement circonscrit, selon la police et les pompiers.

La police a également indiqué que, comme la veille, un cocktail Molotov avait été lancé contre un fourgon de police dans la cour du commissariat à Saint-Herblain, dans la banlieue de Nantes.

La soirée avait débuté par une marche blanche qui a rassemblé dans le calme un millier de personnes dans le quartier du Breil, lieu du drame. Les participants ont réclamé "vérité" et "justice pour Abou", la victime âgée de 22 ans.

Policier en garde à vue

Le policier a été placé en garde à vue jeudi à 12h40 par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) "du chef de violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner", a annoncé jeudi dans un communiqué le procureur de la République de Nantes Pierre Sennès.

"Ce n'est qu'à l'issue de cette mesure de garde à vue que le procureur de la République de Nantes sera en mesure de faire connaître sa décision sur les suites à réserver à cette affaire", est-il précisé.

En visite jeudi à Nantes, le Premier ministre Édouard Philippe a exigé "la plus grande transparence" sur les circonstances de la mort du jeune homme. Il a également exprimé sa "condamnation la plus ferme" des violences commises. Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a lui assuré depuis Marseille que le gouvernement ferait "tout pour apaiser la situation".

Dans la nuit de mercredi à jeudi, plus d'une quarantaine de véhicules avaient été incendiés dans les quartiers dits "sensibles" de Nantes: le Breil, Bellevue, les Dervallières et Malakoff. Sept bâtiments publics et une dizaine de commerces avaient aussi été incendiés.

La préfète de Loire-Atlantique, Nicole Klein, s'est rendue jeudi soir dans les quartiers du Breil et des Dervallières pour apporter son soutien aux forces de l'ordre. "Je comprends le chagrin, mais je ne comprends pas la destruction des biens publics", a déclaré Mme Klein à la presse.

"On est déjà pauvres"

"On brûle nos quartiers, on est déjà pauvres. On peut s'exprimer d'une autre manière que la violence", affirmait une habitante du quartier du Breil jeudi matin, partagée entre colère envers les jeunes après les destructions et envers la police qui n'est "jamais là".

Les proches du jeune homme tué avaient appelé au calme mercredi soir par la voix de leur avocat. Sous le coup d'un mandat d'arrêt pour "vol en bande organisée, recel et association de malfaiteurs", le jeune conducteur a tenté de s'enfuir en effectuant une marche arrière, avait indiqué mercredi le procureur Sennès.

Selon une source proche du dossier, les cinq collègues du policier auteur du coup de feu, entendus le soir des faits, ont affirmé que le conducteur a fait une marche arrière à "très vive allure", au point de risquer de renverser deux des quatre enfants qui jouaient sur la chaussée derrière la voiture. Toujours selon eux, l'un des policiers a juste eu le temps de pousser l'un des enfants, de prendre l'autre dans ses bras et de se mettre à l'abri devant le fourgon de CRS.

Ces déclarations des policiers n'ont pas été confirmées par le procureur et sont contredites par des habitants du quartier interrogés par l'AFP qui disent avoir assisté à la scène. Selon une femme qui a filmé la scène, il n'y avait "pas de CRS derrière la voiture, il n'a écrasé personne".

ats, afp

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