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Afghanistan: Berne pour une enquête "efficace" sur les exactions

La Suisse (représentée ici par le conseiller fédéral Ignazio Cassis, à droite) souhaite qu'un mécanisme d'investigation internationale sur les exactions en Afghanistan porte sur tous les acteurs et pas seulement les entités afghanes (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
La Suisse (représentée ici par le conseiller fédéral Ignazio Cassis, à droite) souhaite qu'un mécanisme d'investigation internationale sur les exactions en Afghanistan porte sur tous les acteurs et pas seulement les entités afghanes (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI


Publié le 15.09.2021


La Suisse souhaite un mécanisme d'investigation international "le plus efficace possible" sur les violations des droits de l'homme en Afghanistan. Mais elle refuse que ce dispositif porte seulement sur les entités afghanes, notamment les talibans.

La Suisse souhaite une investigation "aux compétences aussi larges que possible", a affirmé mercredi à Keystone-ATS un porte-parole de la mission suisse auprès de l'ONU à Genève. Mardi, 48 pays avaient demandé devant le Conseil des droits de l'homme un mécanisme d'investigation international sur les exactions, notamment celles des talibans.

La Suisse avait été par erreur, dans un premier temps, associée à cet appel dans une liste officielle des Etats qui soutenaient la déclaration commune. Si elle partage l'objectif d'établir les responsabilités des violations des droits humains, elle regrette que la demande conjointe ne porte que sur "les violations et abus perpétrés par des parties afghanes", précise le porte-parole. Et non sur toutes les exactions "quel qu'en soit le responsable, qu'il soit afghan ou non".

Selon une source proche du dossier, la limitation dans la déclaration aurait été ajoutée à la demande des Etats-Unis qui ne souhaitent pas faire l'objet d'une investigation. Egalement mardi, une autre initiative commune, portée par la Chine, avait d'ailleurs appelé à des enquêtes et des poursuites sur les crimes des soldats américains contre les civils.

Dans leur intervention, les 48 pays condamnaient de leur côté les "exécutions et détentions arbitraires", les violences sexuelles, les mariages forcés ou encore la destruction de certaines infrastructures, attribués aux talibans et d'autres "groupes terroristes". Ils appelaient aussi les nouvelles autorités à "protéger les civils" et honorer les droits humains et le droit international humanitaire (DIH).

Intervention humanitaire "rapide"

Lors de la ministérielle de Genève sur l'Afghanistan lundi, le conseiller fédéral Ignazio Cassis avait souhaité une intervention humanitaire "rapide" face aux nombreux défis pour la population. Dans le 19h30 de la RTS, il avait estimé que les engagements pris par les talibans auprès de l'ONU sur les droits humains, notamment les droits des femmes, étaient prometteurs mais qu'il faudrait des actes.

La rapidité avec laquelle l'Emirat islamique a pris le pouvoir "signifie que la population a permis que cela ait lieu" parce qu'elle a "probablement" considéré cette situation moins négative que celle observée auparavant, avait-il aussi dit. Et devant la presse à Genève, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avait relevé les engagements par écrit des talibans et leur appel à une aide internationale.

Il avait encore demandé aux différents gouvernements de ne pas faire dépendre leur soutien à l'assistance humanitaire de conditions politiques. Au contraire, il a estimé que l'aide peut constituer un levier auprès des talibans pour les droits humains.

ats

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