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Antidépresseurs: risque de suicide multiplié par 2,5

Il ne faut pas administrer des antidépresseurs au moindre coup de blues, selon les auteurs de cette étude (photo symbolique). © KEYSTONE/WALTER BIERI
Il ne faut pas administrer des antidépresseurs au moindre coup de blues, selon les auteurs de cette étude (photo symbolique). © KEYSTONE/WALTER BIERI


Publié le 25.06.2019


Les antidépresseurs nécessitent un certain temps avant de faire effet, et durant cette période critique notamment, le risque de suicide est accru. Selon une méta-analyse de chercheurs zurichois, cet effet indésirable est globalement multiplié par 2,5.

L'équipe de Michael P. Hengartner, à la Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW), avec des confrères de l'Université de Salzburg (A), a analysé les données de toutes les études publiées sur le sujet de 1987 à 2013 et prises en considération par l'agence américaine des médicaments FDA pour les autorisations de mise sur le marché.

Il en ressort que, globalement, 0,8% des patients ayant reçu un antidépresseur se sont suicidés ou ont tenté de le faire. Parmi ceux qui ont reçu un placebo, ce risque est de 0,3%, selon ces travaux publiés dans la revue Psychotherapy & Psychosomatics.

D'après les calculs des chercheurs, un patient sur 202 commet une tentative de suicide ou un suicide qui ne se serait vraisemblablement pas produit sans le médicament.

En extrapolant ces chiffres à la Suisse, cela représenterait environ 3600 tentatives de suicide et suicides supplémentaires, selon eux. On ignore toutefois si le risque dans la population générale est égal à celui pris en compte dans les études cliniques répertoriées.

Les scientifiques appellent néanmoins à davantage de prudence de la part des médecins et à une meilleure information des patients. "Au début du traitement, en cas de changement abrupt de dosage ou lorsqu'on arrête la médication, il faut tabler sur un risque de suicide accru", a indiqué mardi le Dr Hengartner à Keystone-ATS.

Tendance à la surprescription

"Dans la plupart des cas, les antidépresseurs sont prescrits par le médecin de famille", poursuit le spécialiste, qui évoque une surprescription. Souvent, les critères de diagnostic pour la dépression ou les troubles anxieux ne sont même pas remplis, selon lui. On pathologise des symptômes non spécifiques tels que le découragement, les soucis ou des problèmes de sommeil, dit-il.

En cas de dépression grave, le traitement médicamenteux n'est pas à remettre en question, ajoute le Dr Hengartner, mais un suivi étroit des patients s'impose jusqu'à ce qu'il agisse. "Pour les dépressions légères traitées par les médecins de famille, il n'y a pas cette surveillance", déplore-t-il.

Le risque est alors que les antidépresseurs fassent plus de mal que de bien. Médecins et patients seraient donc bien inspirés selon lui d'examiner des alternatives comme la psychothérapie ou le sport. Environ 730'000 personnes prennent des antidépresseurs en Suisse.

ats

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