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Après huit ans, la crise de la dette grecque "s'achève"

"On a un deal sur la Grèce", a affirmé une source européenne peu après minuit, après plus de six heures de réunion à Luxembourg entre les ministres des Finances de la zone euro (image symbolique). © KEYSTONE/EPA ANA-MPA/ORESTIS PANAGIOTOU
"On a un deal sur la Grèce", a affirmé une source européenne peu après minuit, après plus de six heures de réunion à Luxembourg entre les ministres des Finances de la zone euro (image symbolique). © KEYSTONE/EPA ANA-MPA/ORESTIS PANAGIOTOU
"Je rends hommage au peuple grec pour sa résilience et son engagement européen. Ses efforts n'ont pas été vains", a tweeté dans la nuit le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker (image symbolique). © KEYSTONE/EPA ANA-MPA/ORESTIS PANAGIOTOU
"Je rends hommage au peuple grec pour sa résilience et son engagement européen. Ses efforts n'ont pas été vains", a tweeté dans la nuit le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker (image symbolique). © KEYSTONE/EPA ANA-MPA/ORESTIS PANAGIOTOU


Publié le 22.06.2018


Les ministres des Finances de la zone euro se sont entendus dans la nuit de jeudi à vendredi sur un vaste accord mettant fin à huit années de crise, d'austérité et de plans de sauvetage pour la Grèce. Celui-ci inclut un dernier allégement important de la dette.

"La crise grecque s'achève ici, cette nuit. Nous sommes finalement arrivés au bout de ce chemin qui a été si long et si difficile. C'est un moment historique", s'est félicité le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici. "Je suis heureux", a affirmé le ministre grec des Finances Euclid Tsakalotos. "Pour que ça en vaille la peine, nous devons nous assurer que le peuple grec voit des résultats concrets", a-t-il ajouté.

L'accord a été conclu vers minuit, après plus de six heures de réunion à Luxembourg. Il doit permettre à Athènes de quitter, comme prévu, la tutelle de ses créanciers - zone euro et Fonds monétaire international (FMI) - le 20 août prochain pour recommencer à se financer seule sur les marchés, après plusieurs années de profonde récession et trois programmes d'aide.

Selon plusieurs sources, les discussions se sont prolongées car l'Allemagne a manifesté une résistance de dernière minute contre l'allégement de la dette de la Grèce, pourtant jugé nécessaire par ses créanciers pour assurer sa crédibilité les marchés financiers.

"Les négociation ont été difficiles, reconnaissons-le", mais "je considère que le problème de la dette grecque est désormais derrière nous", a affirmé le ministre français des Finances Bruno Le Maire.

Dernière tranche d'aide

Les Européens ont accepté vendredi d'allonger de dix ans les échéances de remboursement d'une grande partie de cette dette - dont le niveau reste le plus élevée de l'UE (180% de son PIB) - et permettront aux Grecs de ne commencer a rembourser une partie des prêts qu'à partir de 2032, contre 2022 jusqu'à présent.

Ils se sont également entendus sur le versement d'une toute dernière tranche d'aide, de 15 milliards d'euros (17,3 milliards de francs), contrepartie aux 88 dernières réformes accomplies par la Grèce ces dernières semaines.

Sur cette somme, 5,5 milliards sont destinés au service de la dette et 9,5 milliards alimenteront un "matelas financier" de plus de 24 milliards d'euros pour les 22 mois qui suivront sa sortie du programme.

"Surveillance renforcée"

Sous la pression de l'Allemagne, certaines mesures d'allégement de la dette resteront conditionnées à la poursuite des dernières réformes, dont certaines s'étendront sur plusieurs mois.

Athènes sera d'ailleurs, dès sa sortie du troisième programme d'aide en août, et jusqu'en 2022, sous le coup d'une surveillance encore jamais vue de la part des Européens, bien plus stricte que celles mises en place dans le passé pour le Portugal, Chypre ou l'Irlande.

"Ce cadre de surveillance post-programme renforcé était nécessaire, mais il n'y aura en aucun cas de programme déguisé", a insisté Pierre Moscovici. Les Européens ont aussi prévu de faire le point sur la dette grecque en 2032 et d'accorder, si nécessaire, de nouvelles mesures d'allégement.

Quelques réserves du FMI

Le FMI, qui a participé financièrement aux deux premiers programmes grecs, ne le fera pas pour le troisième. Il restera toutefois impliqué dans la surveillance post-programme, a annoncé vendredi sa directrice générale, Christine Lagarde, présente à Luxembourg.

Les mesures prises "amélioreront les perspectives de la dette à moyen terme", a-t-elle déclaré, lors d'une conférence de presse. Mais elle a ajouté que le Fonds maintenait des "réserves" sur la viabilité à long terme de la dette grecque.

En huit ans, la Grèce a bénéficié de plus de 273 milliards d'euros d'assistance de la part de ses créanciers au cours de trois programmes d'aide. En contrepartie, les Grecs ont été contraints de mettre en oeuvre plusieurs centaines de réformes, souvent douloureuses, notamment pour assainir leurs finances publiques.

Hommage au peuple grec

"Je rends hommage au peuple grec pour sa résilience et son engagement européen. Ses efforts n'ont pas été vains", a tweeté dans la nuit le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

La croissance du PIB a atteint 1,4% en 2017 et devrait encore progresser cette année (1,9%) et l'an prochain (2,3%). Dans le même temps, la Grèce affiche désormais un excédent budgétaire de 0,8%, après avoir enregistré un déficit de 15,1% en 2009.

ats, afp

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