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Artisans de la lutte contre la corruption au Guatemala récompensés

Des milliers d'étudiants et militants ont manifesté début septembre dans la capitale du Guatemala pour réclamer la démission du président Jimmy Morales, qui s'est attaqué à une mission anticorruption de l'ONU (archives). © KEYSTONE/EPA EFE/ESTEBAN BIBA
Des milliers d'étudiants et militants ont manifesté début septembre dans la capitale du Guatemala pour réclamer la démission du président Jimmy Morales, qui s'est attaqué à une mission anticorruption de l'ONU (archives). © KEYSTONE/EPA EFE/ESTEBAN BIBA


Publié le 24.09.2018


Deux personnalités latino-américaines ont été récompensées lundi pour leur lutte contre la corruption au Guatemala par le prix Right Livelihood. Ce dernier se présente comme un "Nobel alternatif" décerné par une fondation privée suédoise.

La Guatémaltèque Thelma Aldana et le Colombien Ivan Velasquez ont reçu la distinction "pour les méthodes innovantes qu'ils ont adoptées afin de dénoncer les abus de pouvoir, réhabilitant de fait le crédit des institutions publiques", a indiqué dans un communiqué la fondation du Prix Right Livelihood qui remet ce prix chaque année.

Mme Aldana et M. Velasquez, respectivement âgés de 62 et 63 ans, se posent comme des défenseurs de la lutte contre la corruption et les réseaux de criminalité au Guatemala.

Thelma Aldana a notamment été procureure générale dans le pays latino-américain jusqu'en mai dernier, date à laquelle elle n'a pas souhaité renouveler son mandat. Ivan Velasquez est, quant à lui, l'actuel chef de la Commission internationale contre la corruption et l'impunité au Guatemala (CICIG).

Manifestations contre le président

"L'attribution de ce prix survient dans une période particulièrement spectaculaire dans la lutte contre la corruption. Elle aura l'indéniable mérite d'attirer les yeux du monde entier sur le sort du Guatemala", a réagi le responsable de la CICIG dans un message écrit à la fondation.

Jeudi, des milliers d'étudiants et militants ont manifesté dans la capitale du Guatemala pour réclamer la démission du président Jimmy Morales, qui s'est attaqué à cette mission anticorruption de l'ONU enquêtant sur le financement de sa campagne électorale en 2015.

Le 4 septembre, le président Morales avait d'ailleurs déclaré persona non grata Ivan Velasquez. Et quatre jours auparavant, il avait annoncé le non-renouvellement du mandat de la CICIG au delà de septembre 2019.

Les deux lauréats ont aussi été à l'origine - avec leurs organisations respectives- de la découverte d'un gigantesque réseau de corruption, baptisé "la Linea", conduisant à l'arrestation de 60 personnes, dont Otto Perez, ex-président du Guatemala, poussé vers la sortie en 2015 après trois années au pouvoir, et la vice-présidente Roxanna Baldetti.

Réponses pratiques

Sont également honorés cette année Abdullah al-Hamid, Mohammad Fahad al-Qahtani et Waleed Abu al-Khair, défenseurs des droits de l'homme en Arabie Saoudite, le paysan burkinabé Yacouba Sawadogo pour avoir "converti en forêts des terres infertiles" permettant de régénérer les sols, et l'agronome australien Tony Rinaudo pour avoir mis en place des techniques de végétalisation à faible coût des terres arides.

Le prix Right Livelihood a été créé en 1980 par le Germano-Suédois Jakob von Uexkull, qui fut parlementaire européen pour les Verts, après le refus de la fondation Nobel de créer des prix pour l'Environnement et le Développement.

Ces prix visent à "honorer et soutenir ceux et celles qui offrent des réponses pratiques et exemplaires aux défis les plus urgents auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui", selon la Fondation.

ats, afp

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