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Trente-huit migrants morts dans l'incendie d'un centre de détention

Depuis 2014, environ 7661 migrants sont morts ou ont disparu sur la route vers les Etats-Unis, d'après l'Organisation internationale des migrations (OIM). © KEYSTONE/AP/Fernando Llano
Depuis 2014, environ 7661 migrants sont morts ou ont disparu sur la route vers les Etats-Unis, d'après l'Organisation internationale des migrations (OIM). © KEYSTONE/AP/Fernando Llano
Depuis 2014, environ 7661 migrants sont morts ou ont disparu sur la route vers les Etats-Unis, d'après l'Organisation internationale des migrations (OIM). © KEYSTONE/AP/Fernando Llano
Depuis 2014, environ 7661 migrants sont morts ou ont disparu sur la route vers les Etats-Unis, d'après l'Organisation internationale des migrations (OIM). © KEYSTONE/AP/Fernando Llano


Publié le 29.03.2023


Trente-huit migrants sont morts et 28 autres ont été blessés mardi dans l'incendie d'un centre de détention à Ciudad Juarez, selon les autorités. La ville se situe dans le nord du Mexique, à la frontière des Etats-Unis.

Après avoir annoncé quelques heures plus tôt le décès de 40 migrants, l'Institut national des migrations (INM) a indiqué dans un communiqué que suite à une visite des hôpitaux où les victimes ont été hospitalisées, "le nombre de personnes décédées a été mis à jour et 38 décès ont été confirmés".

A la suite du drame, les Nations unies ont plaidé pour des voies de migration plus "sûres" vers les Etats-Unis, et l'ambassadeur américain au Mexique a insisté pour "réparer un système migratoire cassé" avec ses partenaires de la région.

Selon le président du Mexique Andres Manuel Lopez Obrador, ce sont des migrants qui ont allumé l'incendie avec des matelas dans un mouvement de "protestation": "Nous supposons qu'ils ont appris qu'ils allaient être expulsés, déplacés".

"Nous appelons les pays de la région à traiter de manière humaine, juste et efficace les flux croissants de population à travers les Amériques", a déclaré pour sa part le Haut-commissaire aux réfugiés des Nations unies, Filippo Grandi.

"Défi régional"

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a demandé "une enquête exhaustive" et s'est engagé "à continuer de travailler avec les autorités des pays" de la région pour "établir des voies de migration plus sûres, plus régulées et plus organisées", selon son porte-parole Stéphane Dujarric.

"Nous réitérons notre engagement pour continuer de collaborer avec les gouvernements de la région et nos partenaires pour réparer ce système migratoire cassé", a déclaré l'ambassadeur des Etats-Unis au Mexique, Ken Salazar. Il s'agit également "de s'attaquer aux causes fondamentales" de la migration, un "défi régional", selon lui.

Amnesty International a pour sa part pointé "une conséquence des politiques migratoires restrictives et cruelles que partagent les gouvernements du Mexique et des Etats-Unis". "Comment est-il possible que les autorités mexicaines aient laissé des êtres humains enfermés sans possibilité d'échapper à l'incendie?", a blâmé Erika Guevara Rosas, directrice de l'organisation pour les Amériques, dans un communiqué.

Cette tragédie - et les deux précédentes au Texas en juin et dans le sud du Mexique en décembre 2021- "sont un rappel" des dangers auxquels les migrants s'exposent face aux "trafiquants de personnes", a-t-il insisté plaidant pour une migration "légale".

Parmi les "migrants identifiés" figurent 28 Guatémaltèques, 13 Honduriens, 13 Vénézuéliens, 12 Salvadoriens, un Colombien et un Equatorien, a indiqué le parquet général du Mexique, citant l'Institut des migrations, sans faire la distinction entre morts et blessés.

"On est traités comme des chiens!"

L'incendie, sans précédent dans des installations pour les migrants dans le pays, a débuté peu avant minuit dans la nuit de lundi à mardi. Il a éclaté dans un centre de détention, d'après la gouverneure de l'Etat du Chihuahua María Eugenia Campos et le témoignage d'autres migrants.

Diffusée par plusieurs médias, authentifiée par les autorités qui "déplore" sa diffusion, une vidéo a montré le début d'incendie. Derrière les barreaux, dans la fumée, un homme donne des coups de pied contre une porte fermée alors qu'un autre semble déposer un matelas par terre. Ils reculent ensuite avec d'autres individus.

Au premier plan, de l'autre côté de la cellule, trois agents dont deux en uniforme se retirent hors champ en leur tournant le dos, sans leur prêter assistance. Dans les jours précédents, les autorités locales de Juarez avaient élevé la voix contre les migrants, les sommant de cesser de proposer leurs services informels dans les rues.

Viangly, une Vénézuélienne, affirme que son mari, âgé de 27 ans, a été emmené après son arrestation lors d'une rafle alors que, selon elle, il détient des papiers mexicains. La jeune femme hurle de désespoir en tentant de regarder l'intérieur d'une ambulance, en se plaignant que les responsables du centre "ne disent rien". "On est humains aussi, on a des sentiments, on est traités comme des chiens".

Asphyxiés

Ciudad Juarez, voisine d'El Paso (Texas), est l'une des villes frontalières d'où de nombreux migrants sans papiers cherchent à gagner les Etats-Unis pour demander l'asile après un long périple. Depuis 2014, environ 7661 migrants sont morts ou ont disparu sur la route vers les Etats-Unis, d'après l'Organisation internationale des migrations (OIM).

Le président américain Joe Biden a pris en février de nouvelles mesures restrictives, obligeant les migrants à faire leur demande dans les pays de transit ou par internet. Les mesures prévoient aussi le recours plus fréquent par les Etats-Unis à des expulsions immédiates, assorties d'une interdiction de nouvelle entrée sur le territoire pendant cinq ans.

Quelque 200'000 personnes tentent chaque mois de traverser la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Les migrants affirment vouloir échapper à la pauvreté ou à la violence dans leurs pays d'origine.

ats, afp

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