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Au Rwanda, le président Kagamé libère une figure de l'opposition

L'opposante rwandaise Victoire Ingabiré a été condamnée en 2012 pour conspiration en vue de former un groupe armé anti-gouvernemental (archives). © KEYSTONE/AP NY/Shant Fabricatorian
L'opposante rwandaise Victoire Ingabiré a été condamnée en 2012 pour conspiration en vue de former un groupe armé anti-gouvernemental (archives). © KEYSTONE/AP NY/Shant Fabricatorian


Publié le 15.09.2018


Une des principales figures de l'opposition rwandaise, Victoire Ingabiré, est sortie de prison samedi, a constaté un journaliste de l'AFP. Elle a bénéficié de la libération anticipée de plus de 2000 prisonniers décidée la veille par le président Paul Kagame.

"Je remercie le président qui a permis cette libération", a-t-elle dit alors qu'elle quittait la prison de Mageragere dans la capitale rwandaise, Kigali. "J'espère que cela marque le début de l'ouverture de l'espace politique au Rwanda", a-t-elle ajouté, appelant M. Kagame à "libérer d'autres prisonniers politiques".

La libération surprise de 2140 détenus, dont Mme Ingabiré et le chanteur Kizito Mihigo, emprisonné en 2015 pour un projet d'assassinat du chef de l'Etat, a été décidée lors d'un conseil des ministres vendredi. Une mesure de "clémence" présidentielle y a été approuvée.

Victoire Ingabiré a été condamnée en 2012 pour conspiration en vue de former un groupe armé anti-gouvernemental. Elle était revenue d'exil aux Pays-Bas deux ans plus tôt pour se présenter comme candidate à l'élection présidentielle de janvier 2010, mais elle avait été empêchée de se présenter, les autorités l'accusant de nier le génocide de 1994.

Croissance économique rapide

Réélu pour un troisième mandat en août 2017, Paul Kagamé est l'homme fort du Rwanda depuis juillet 1994 et le renversement par son mouvement, le Front patriotique rwandais (FPR), du gouvernement hutu ayant déclenché ce génocide qui a fait 800'000 morts cette année-là, essentiellement parmi la minorité tutsie.

La communauté internationale crédite l'ancien commandant rebelle tutsi d'avoir remis sur pied le petit pays d'Afrique centrale grâce à une croissance économique rapide. Ses opposants jugent que ce développement économique s'est fait au détriment des libertés civiques, le pouvoir muselant les médias indépendants et supprimant toute dissidence.

Johnston Businge, le ministre de la Justice, a assuré qu'il n'y avait "rien de politique" ni dans l'emprisonnement ni dans la remise en liberté de Victoire Ingabiré, qui avait demandé par deux fois à bénéficier de la clémence présidentielle. "Le président a accordé sa grâce, comme l'autorise la Constitution", a-t-il déclaré à Reuters.

ats, reu, afp

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