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Avant le procès, les avocats d'Erwin Sperisen s'activent

Les avocats de Sperisen veulent un million de francs comme réparation du tort moral subi (archives). © KEYSTONE/ALAIN GROSCLAUDE
Les avocats de Sperisen veulent un million de francs  comme réparation du tort moral subi (archives). © KEYSTONE/ALAIN GROSCLAUDE


Publié le 22.10.2017


Avant le troisième procès de l'ex-chef de la police du Guatelama, Erwin Sperisen, ses avocats s'activent. Ils entendent demander plus d'un million de francs à Genève pour tort moral. Et leur demande de récusation d'une juge fera planer une ombre sur les débats.

"Nous allons demander au canton de Genève des dommages et intérêts et réparation du tort moral subi par notre client de plus d'un million de francs", a confirmé à l'ats l'un des avocats d'Erwin Sperisen, Giorgio Campa. Il revenait sur une information parue dimanche dans le dominical alémanique SonntagsZeitung.

Séparé de sa famille, "M. Sperisen a passé cinq ans en détention préventive à l'isolement pour rien. Ses conditions de détention ont été officiellement critiquées par le Comité européen contre la torture (CPT) dans un rapport au Conseil fédéral", fait valoir le défenseur. "Nous sommes prêts à aller jusqu'à Strasbourg", à la Cour européenne des droits de l'homme.

Erwin Sperisen a dirigé la police nationale du Guatemala entre 2004 et 2007. Venu se réfugier en Suisse, il a été condamné deux fois par la justice genevoise à une peine de privation de liberté à vie pour l'exécution extrajudiciaire de détenus dans le cadre d'une reprise en main musclée d'une prison.

Le Tribunal fédéral (TF) a cependant cassé cette condamnation et demandé la tenue d'un nouveau procès. Le TF a souligné les insuffisances de la motivation du verdict en relevant notamment diverses violations du droit d'être entendu d'Erwin Sperisen. Ce dernier a été libéré, mais est assigné à résidence à Genève dans l'attente du procès fin novembre.

Récusation

Autre ombre qui plane sur la justice genevoise, la demande de récusation de la présidente de la Chambre pénale d'appel et de révision (CPAR), Alessandra Cambi Favre-Bulle. Les avocats d'Erwin Sperisen lui reprochent son manque d'objectivité et d'impartialité.

"Elle a déclaré après le jugement du TF que la condamnation de M. Sperisen était toujours vraisemblable et a refusé de libérer notre client, nous contraignant à saisir à nouveau le TF qui a dû ordonner lui-même la remise en liberté", assène Giorgio Campa.

La décision de la CPAR devrait tomber rapidement. "Si notre demande de récusation est rejetée, nous sommes prêts à aller au TF. La présidente dirigerait donc les débats du 3e procès avec la perspective d'une annulation du jugement", si les juges de Mon-Repos devaient in fine accéder à la demande des avocats, lance Giorgio Campa. Un quatrième procès devrait alors être mis sur pied.

Pas une première

Ce n'est pas la première fois qu'Erwin Sperisen et ses avocats émettent un doute sur la droiture d'un magistrat. En 2015, ils avaient échoué devant le TF à faire récuser une juge. Ils ont aussi tenté à plusieurs reprises de récuser le procureur genevois Yves Bertossa, qui a soutenu l'accusation. Ils reprochaient au magistrat d'avoir des liens avec l'ONG "Trial", qui s'est battue pour faire juger M. Sperisen.

"La Chambre pénale d'appel et de révision ne fait pas de commentaire" sur les demandes des avocats, a indiqué à l'ats le porte-parole du pouvoir judiciaire genevois, Henri Della Casa.

ats

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