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Pas d'unité européenne sur un rapatriement des djihadistes

Un retour des djihadistes ne pourrait être possible que si "nous pouvons garantir que ces personnes soient immédiatement envoyées ici devant un tribunal et qu'elles seront mises en détention", a déclaré le ministre allemand des affaires étrangères Heiko Maas (archives). © KEYSTONE/AP DPA/TOBIAS HASE
Un retour des djihadistes ne pourrait être possible que si "nous pouvons garantir que ces personnes soient immédiatement envoyées ici devant un tribunal et qu'elles seront mises en détention", a déclaré le ministre allemand des affaires étrangères Heiko Maas (archives). © KEYSTONE/AP DPA/TOBIAS HASE
"Il n'y aura pas de décision au niveau de l'Union européenne. Elle relève de la compétence de chaque gouvernement", a expliqué la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini à l'issue de la réunion des ministres des affaires étrangères. © KEYSTONE/EPA/STEPHANIE LECOCQ
"Il n'y aura pas de décision au niveau de l'Union européenne. Elle relève de la compétence de chaque gouvernement", a expliqué la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini à l'issue de la réunion des ministres des affaires étrangères. © KEYSTONE/EPA/STEPHANIE LECOCQ


Publié le 18.02.2019


L'Union européenne ne prend pas position sur le rapatriement des djihadistes européens du groupe Etat islamique retenus en Syrie. Cette demande a été formulée par Donald Trump.

"Il n'y aura pas de décision au niveau de l'Union européenne. Elle relève de la compétence de chaque gouvernement", a expliqué la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini à l'issue de la réunion des ministres des affaires étrangères. "Mais nous pouvons avoir une réflexion commune pour apporter une réponse coordonnée", a-t-elle souligné.

La veille, le président américain Donald Trump a appelé les pays européens, au premier rang desquels le Royaume-Uni, ainsi que la France et l'Allemagne, à "reprendre plus de 800 combattants de l'EI" capturés en Syrie "afin de les traduire en justice".

Oui mais français

Après sa réticence initiale, Paris semble envisager le retour de ces ressortissants. Une source proche du dossier en France a évoqué le cas de 150 Français, dont 90 mineurs.

Le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Laurent Nunez, a cependant déclaré dimanche "avoir la faiblesse de considérer que ces gens-là doivent être jugés là où ils ont commis leurs exactions". Il a annoncé que la France avait déjà "accueilli près de 270 adultes" de retour de Syrie depuis le début du conflit.

Difficultés en allemagne

A Berlin, une source au sein du ministère allemand des Affaires étrangères a souligné que "tous les citoyens allemands ont le droit fondamental de revenir en Allemagne". Elle a ajouté que le gouvernement "étudie les options" pour permettre à ses ressortissants de quitter la Syrie, "particulièrement pour les cas humanitaires".

Le ministre allemand des Affaires étrangères a jugé "extrêmement difficile" d'organiser à ce stade un rapatriement des djihadistes européens retenus en Syrie. Un retour ne pourrait être possible que si "nous pouvons garantir que ces personnes seront immédiatement envoyées ici devant un tribunal et qu'elles seront mises en détention", a déclaré Heiko Maas dimanche soir sur la première chaîne de télévision allemande ARD.

Pour cela, "nous avons besoin d'informations judiciaires, et cela n'est pas encore le cas", a-t-il dit jugeant dans ces conditions un rapatriement "extrêmement difficile à réaliser". Berlin veut "se concerter avec la France et la Grande-Bretagne (...) sur la façon de procéder", a-t-il encore précisé.

Réticences britanniques

Le ministre britannique de l'Intérieur, Sajid Javid, a pour sa part publié une tribune dans le Sunday Times intitulée "Si vous fuyez pour rejoindre l'Etat islamique, j'utiliserai tous mes pouvoirs pour vous empêcher de revenir".

"Ma priorité est d'assurer la sécurité du pays - et je ne laisserai rien la compromettre", a-t-il affirmé. "Les décisions que nous pouvons prendre incluent d'interdire l'accès au Royaume-Uni à des non-Britanniques, ainsi que retirer la citoyenneté britannique à des individus dangereux".

Son ministère ne créera cependant pas d'apatrides, comme interdit par la convention de New-York du 30 août 1961, ratifiée par le Royaume-Uni. Le ministre de la Culture, Jeremy Wright, ancien Attorney general (conseiller juridique du gouvernement), a souligné que Londres était "obligé" d'autoriser le retour des personnes n'ayant pas de double nationalité.

Appel belge à l'unité

Quant au ministre belge de la Justice, Koen Geens, il a lui appelé à la mise en place d'une "solution européenne", précisant que Bruxelles était "en contact avec Paris, La Haye et Londres pour élaborer une position collective. Et le ministre belge d'appeler à "réfléchir tranquillement et regarder ce qui comporte le moins de risques sécuritaires".

Le groupe djihadiste est sur le point d'être définitivement vaincu dans ce pays par l'alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS). Mais le sort des étrangers retenus par les forces kurdes n'a toujours pas été tranché. Ils sont Français, Allemands, Irlandais, Italiens, Anglais ou encore Canadiens. Les hommes sont en prison, les femmes et les enfants dans des camps de déplacés.

ats, afp

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