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Biden sanctionne la Russie mais appelle Poutine à la "désescalade"

Joe Biden serre la vis face à Moscou. © KEYSTONE/AP/Andrew Harnik
Joe Biden serre la vis face à Moscou. © KEYSTONE/AP/Andrew Harnik
Joe Biden serre la vis face à Moscou. © KEYSTONE/AP/Andrew Harnik
Joe Biden serre la vis face à Moscou. © KEYSTONE/AP/Andrew Harnik


Publié le 16.04.2021


Contre-attaque et main tendue: Joe Biden a annoncé jeudi une série de sanctions financières sévères contre la Russie et l'expulsion de dix diplomates russes, suscitant l'ire de Moscou. Il a aussi renouvelé sa proposition de sommet avec Vladimir Poutine.

Depuis son arrivée à la Maison Blanche, le nouveau président des Etats-Unis avait fait savoir qu'il mettait au point sa riposte contre une série d'actes imputés à Moscou, dont une cyberattaque géante et de nouvelles ingérences dans les élections américaines de l'an dernier. Allant jusqu'à qualifier Vladimir Poutine de "tueur", il promettait d'être nettement plus ferme que son prédécesseur Donald Trump, accusé de toutes parts de complaisance à l'égard de son homologue du Kremlin.

Les représailles sont tombées jeudi, et elles sont sévères.

Le 46e président de l'histoire américaine a signé un décret suivi de sanctions immédiates. Il permettra aussi de punir à nouveau la Russie "si elle continue d'interférer dans notre démocratie", a-t-il mis en garde dans un discours solennel depuis la Maison Blanche, tout en assurant ne pas vouloir "déclencher un cycle d'escalade et de conflit".

Le Trésor américain a interdit aux institutions financières américaines d'acheter directement de la dette émise par la Russie après le 14 juin prochain. Il sanctionne également six sociétés technologiques russes accusées de soutenir les activités cyber du renseignement de Moscou.

Il s'agit d'une riposte à la gigantesque cyberattaque de 2020, désormais formellement imputée à la Russie, ayant utilisé comme vecteur SolarWinds, un éditeur américain de logiciels dont un produit a été piraté pour introduire une faille chez ses utilisateurs, y compris plusieurs agences fédérales américaines. Directement mis en cause par Washington, le renseignement extérieur russe a balayé des "délires".

"Soutien" occidental

Un haut responsable américain a prévenu qu'une partie des représailles demeurerait "secrète", laissant envisager la possibilité d'une contre-attaque informatique.

Par ailleurs, le Trésor sanctionne 32 entités et personnes accusées d'avoir tenté, au nom du gouvernement russe, "d'influencer l'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis", selon la Maison Blanche.

Et, en partenariat avec l'Union européenne, le Canada, le Royaume-Uni et l'Australie, le gouvernement américain impose aussi des sanctions à huit personnes et entités "associées à l'occupation et à la répression persistantes en Crimée".

De son côté, le département d'Etat américain a expulsé dix responsables de l'ambassade russe, accusés pour certains d'être des membres des services de renseignement de Moscou.

L'ensemble de ces sanctions visent aussi à tenir les autorités russes "pour responsables" après des accusations de primes offertes par la Russie à des talibans pour attaquer des soldats américains ou étrangers en Afghanistan.

Donald Trump avait tergiversé face aux fuites sur ces accusations. C'est donc la première fois que Washington va aussi loin en accusant Moscou d'avoir bien joué un rôle.

Mais la Maison Blanche reste pour le moment vague, affirmant seulement que cette affaire est "gérée par des canaux diplomatiques, militaires et de renseignement".

Ces sanctions s'ajoutent à une première série de mesures punitives annoncées en mars contre sept hauts responsables russes en réponse à l'empoisonnement et l'incarcération de l'opposant Alexeï Navalny.

Les pays de l'Otan ont aussitôt exprimé "leur soutien et leur solidarité" aux Etats-Unis "après l'annonce de mesures destinées à répondre aux activités déstabilisatrices de la Russie".

L'ambassadeur américain convoqué

Il s'agit d'une des offensives les plus dures contre la Russie depuis l'expulsion de nombreux diplomates à la fin du mandat de Barack Obama. Et la réponse ne s'est pas fait attendre.

"Un tel comportement agressif recevra une forte rebuffade. La réponse aux sanctions sera inévitable", a prévenu la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. "Les Etats-Unis ne sont pas prêts à accepter la réalité objective d'un monde multipolaire qui exclut une hégémonie américaine et s'appuient sur la pression des sanctions et l'ingérence dans nos affaires intérieures".

Moscou a aussi dit avoir convoqué l'ambassadeur américain John Sullivan pour "une conversation difficile", mais ce dernier a assuré avoir été reçu à sa demande, lors d'une rencontre "professionnelle et respectueuse".

"Le moment de la désescalade est venu"

La Russie a aussi averti que ces sanctions n'allaient "pas favoriser" l'organisation d'un sommet Biden-Poutine, alors que les relations sont au plus bas entre les deux rivaux géopolitiques.

Le nouveau président démocrate a maintenu sa proposition de tenir cette première rencontre, faite lors d'une conversation téléphonique cette semaine avec son homologue russe. "Le moment de la désescalade est venu", a-t-il lancé, exhortant notamment Vladimir Poutine à "s'abstenir de toute action militaire" contre l'Ukraine, après le déploiement massif de troupes russes aux frontières ukrainiennes.

Joe Biden a jugé nécessaire un sommet bilatéral "cet été en Europe" pour "lancer un dialogue stratégique sur la stabilité" en matière de désarmement et de sécurité.

Les sanctions ont été saluées par la classe politique américaine, même si de nombreux républicains ont regretté l'absence de mesures contre le gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne, dénoncé unanimement à Washington.

La mesure la plus spectaculaire annoncée jeudi, sur la dette, devrait avoir un effet réduit, la Russie n'ayant qu'une dette limitée et des réserves qui dépassent les 180 milliards de dollars, forte de ses exportations d'hydrocarbures. Elle pourrait toutefois être douloureuse pour le rouble, en chute jeudi.

ats, afp

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