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Brexit : l'UE exhorte Londres à "retravailler" sa position

La rencontre des 28 en Autriche à Salzbourg est un sommet européen "informel", sans décisions prévues, mais elle vise à préparer le terrain des mois à venir. © Keystone/APA/APA/BARBARA GINDL
La rencontre des 28 en Autriche à Salzbourg est un sommet européen "informel", sans décisions prévues, mais elle vise à préparer le terrain des mois à venir. © Keystone/APA/APA/BARBARA GINDL
La rencontre des 28 en Autriche à Salzbourg est un sommet européen "informel qui vise à préparer le terrain sur la question migratoire et le Brexit. © Keystone/APA/APA/BARBARA GINDL
La rencontre des 28 en Autriche à Salzbourg est un sommet européen "informel qui vise à préparer le terrain sur la question migratoire et le Brexit. © Keystone/APA/APA/BARBARA GINDL
"Nous sommes heureux qu'on se concentre désormais sur comment défendre les frontières", s'est réjoui le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui aime à fustiger les "forces pro-migration" de Bruxelles. © KEYSTONE/APA/APA/BARBARA GINDL
"Nous sommes heureux qu'on se concentre désormais sur comment défendre les frontières", s'est réjoui le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui aime à fustiger les "forces pro-migration" de Bruxelles. © KEYSTONE/APA/APA/BARBARA GINDL


Publié le 19.09.2018


Le président du Conseil européen Donald Tusk a appelé mercredi Londres à "retravailler" ses propositions pour débloquer les négociations sur le Brexit avant l'ouverture d'un sommet européen en Autriche. Celles-ci sont entrées dans leur dernière ligne droite.

La rencontre "informelle" entre les dirigeants européens à Salzbourg, sans décisions prévues, doit aussi être l'occasion de mettre fin à l'incessant "jeu des reproches" entre capitales sur le dossier brûlant des migrations, a souhaité M. Tusk dans une courte allocution devant la presse.

La question migratoire sera le plat de résistance d'un dîner de travail mercredi soir. L'occasion sera ensuite donnée à la Première ministre britannique Theresa May d'exposer sa vision pour éviter un "retrait chaotique" du Royaume-Uni fin mars 2019.

Les dirigeants des 27 attendront un déjeuner de travail le lendemain, sans Mme May, pour peaufiner leur propre position, à six mois du divorce.

"Aujourd'hui, il y a davantage d'espoir peut-être, mais il y a sûrement de moins en moins de temps", a prévenu Donald Tusk. Il a confirmé qu'il proposerait un sommet final sur le Brexit pour "vers la mi-novembre", en plus de celui du 18 octobre initialement censé boucler les tractations.

M. Tusk a salué une "évolution positive" de la position britannique. Mais sur "la question irlandaise ou le cadre de la coopération économique future, les propositions du Royaume-Uni devront être retravaillées", a-t-il estimé.

Frontière irlandaise

Londres et Bruxelles ont trouvé des compromis sur la plupart des sujets liés au divorce, notamment sur son règlement financier. Ils continuent de buter pourtant sur le sort de la frontière irlandaise.

Les deux parties sont d'accord pour éviter le rétablissement d'une frontière physique entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande. Mais Londres conteste les termes du "filet de sécurité" ("backstop") réclamé par l'UE pour garantir ce résultat.

La solution préconisée par les 27, avec un maintien possible de l'Irlande du Nord dans l'union douanière, est "inacceptable" pour le gouvernement britannique. Elle aboutirait à ses yeux à une frontière de fait entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni.

"Nous sommes prêts à améliorer cette proposition", a toutefois concédé mardi le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier, souhaitant "dédramatiser" le sujet.

"Jeu des reproches"

Les débats sur les migrations mercredi soir auront lieu après un été de bras de fer diplomatiques en Méditerranée autour de navires transportant des migrants. L'Italie refuse désormais d'ouvrir ses ports sans promesse d'un partage de leur accueil.

"Les tensions parmi les Etats membres ont refait surface en raison des flux de migrants vers l'UE", a déploré Donald Tusk, dans sa lettre d'invitation aux 28. Et ce malgré la forte baisse du nombre des arrivées sur les côtes européennes par rapport au pic de 2015.

"Si certains veulent résoudre la crise, tandis que d'autres veulent l'utiliser, cela restera insoluble", a-t-il mis en garde. Il a appelé à mettre fin à Salzbourg au "ressentiment mutuel" et au "jeu des reproches".

Matteo Salvini sceptique

"Honnêtement, je ne m'attends à pas grand-chose... Mais même si l'Europe démontre pour la énième fois qu'elle est absolument inexistante et se désintéresse (de la question migratoire), nous agissons de notre côté, avec des accords bilatéraux", a d'ores et déjà répondu le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini.

Peu de progrès ont été faits cet été pour concrétiser les projets européens de "centres contrôlés" en Europe. Ceux-ci devraient permettre de distinguer rapidement les demandeurs d'asile légitimes et les migrants économiques irréguliers à renvoyer.

Quant au projet de "plateformes de débarquement" hors de l'UE des migrants secourus en mer, aux contours encore flous, aucun pays africain ne s'est pour l'heure dit prêt à en accepter.

Il faut "mettre en place un système plus prévisible, pour cesser les solutions ad hoc pour les débarquements" du type de celles difficilement trouvées pendant l'été pour des navires comme l'Aquarius et le Diciotti, explique un diplomate européen.

Mais "Salzbourg, ce sera un débat, il n'y a rien de très concret à en attendre", prévient-il.

Migration: Européens divisés

Les Européens continuent de se diviser sur la question du partage de l'accueil des demandeurs d'asile, réclamé par les pays méditerranéens, mais toujours catégoriquement rejeté par les pays de l'Est.

Ils se rejoignent en revanche désormais sur les objectifs d'intensifier les expulsions de migrants ne pouvant prétendre au droit d'asile, de faire pression sur les pays de transit et d'origine et de renforcer les frontières extérieures de l'UE.

Sur ce dernier point cependant, l'Italie, l'Espagne et la Grèce sont réticentes face au projet d'un renforcement considérable de l'agence européenne de garde-frontières, a regretté mercredi le chancelier autrichien Sebastian Kurz.

Ces pays "ne sont peut-être pas vraiment malheureux que beaucoup de nouveaux entrants puissent poursuivre leur route en toute discrétion vers l'Europe centrale", a observé M. Kurz.

ats, afp

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