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Burundi: possibles nouveaux crimes contre l'humanité

Les élections de l'année dernière au Burundi n'ont pas changé la situation des droits humains selon la Commission d'enquête internationale sur ce pays (archives). © KEYSTONE/AP/BERTHIER MUGIRANEZA
Les élections de l'année dernière au Burundi n'ont pas changé la situation des droits humains selon la Commission d'enquête internationale sur ce pays (archives). © KEYSTONE/AP/BERTHIER MUGIRANEZA
Les élections de l'année dernière au Burundi n'ont pas changé la situation des droits humains selon la Commission d'enquête internationale sur ce pays (archives). © KEYSTONE/AP/BERTHIER MUGIRANEZA
Les élections de l'année dernière au Burundi n'ont pas changé la situation des droits humains selon la Commission d'enquête internationale sur ce pays (archives). © KEYSTONE/AP/BERTHIER MUGIRANEZA


Publié le 16.09.2021


Le Burundi multiplie les "contradictions", selon les enquêteurs onusiens. Dans leur rapport publié jeudi, ils relèvent que, même si la relation avec la communauté internationale a changé, de possibles crimes contre l'humanité continuent à y être perpétrés.

Malgré des "gestes symboliques" du président Evariste Ndayishimiye sur les droits humains, aucun changement structurel n'a eu lieu, déplore la Comission d'enquête internationale indépendante de l'ONU sur le Burundi. Certaines sanctions contre la société civile ont été levées et certains défenseurs des droits humains libérés, mais le contrôle des ONG internationales s'est étendu.

Les dispositifs mis en place sont "insuffisants" pour garantir les libertés fondamentales et les conditions pour des atrocités sont toujours rassemblées, a dit à la presse le président de la commission, Doudou Diène. "Il y a de bonnes raisons de rester très préoccupé par une situation désastreuse", estime-t-il.

Parmi elles, de possibles nouveaux crimes contre l'humanité perpétrés par les forces de sécurité, notamment celles sous la responsabilité directe du chef de l'Etat, et les Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir au CNDD-FDD. La Commission dénonce l'impunité pour ces acteurs depuis les violences liées au contexte électoral d'il y a six ans.

Elle met aussi en cause le président pour des intimidations et des incitations à la haine. Mais seul un tribunal pourra établir quelle est la responsabilité du président, ajoute une autre membre de la commission, Françoise Hampson. De même, l'instance ne dit pas si Evariste Ndayishimiye figure sur la liste confidentielle à laquelle elle a ajouté de nouveaux individus en cause.

Appel aux groupes armés également

De nombreuses violations ont eu lieu lors de multiples attaques armées depuis août 2020. Tout en recherchant les responsables, les forces de sécurité ont surtout ciblé des membres du principal parti d'opposition, le Congrès national pour la liberté (CNL), d'anciens membres des Forces armées burundaises (ex-FAB) dominées par les Tutsis, des rapatriés et certains de leurs proches. Certains ont été exécutés, d'autres ont disparu ou ont été torturés alors qu'ils étaient détenus arbitrairement.

Après une baisse provisoire des violences politiques après les élections de l'année dernière, les membres des partis d'opposition, en particulier le CNL, sont toujours victimes de disparitions, d'arrestations, de détentions arbitraires et d'actes de torture. Ces exactions ont notamment augmenté depuis juin dernier, insiste M. Diène.

"L'Etat de droit au Burundi continue de s'éroder malgré l'intention déclarée du Président Ndayishimiye", affirme Mme Hampson. De même, le pouvoir a renforcé son contrôle sur les autorités judiciaires. La Commission demande aussi aux groupes armés de cesser les atteintes aux droits humains et tout acte de violence contre les institutions de l'Etat et contre les civils.

La Commission doit présenter son rapport au Conseil des droits de l'homme le 23 septembre. Les Etats membres devront décider s'ils la renouvellent. Selon plusieurs observateurs, cette extension n'est pas garantie.

ats

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