La Liberté

Cassis arrive au Conseil des droits de l'homme dans un climat tendu

Le conseiller fédéral Ignazio Cassis doit prononcer son premier discours devant un Conseil des droits de l'homme qui va discuter pendant un mois de plusieurs situations difficiles (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI
Le conseiller fédéral Ignazio Cassis doit prononcer son premier discours devant un Conseil des droits de l'homme qui va discuter pendant un mois de plusieurs situations difficiles (archives). © KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI


Publié le 22.02.2018


Le conseiller fédéral Ignazio Cassis va s'exprimer pour la première fois au début de la session du Conseil des droits de l'homme à Genève. Un mois de travaux dès lundi dans un climat de "crise du multilatéralisme", de la Syrie à la Corée du Nord en passant par l'Iran.

Le chef de la diplomatie suisse ouvre habituellement au moins la principale des trois sessions régulières du Conseil. Aucune initiative concrète ne sera lancée par M. Cassis. Mais il doit notamment mettre l'accent sur les 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l'homme en décembre prochain.

"Nous continuons à avoir besoin" d'elle parce qu'elle contribue "au renforcement de l'Etat de droit", a dit à l'ats le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). "Un ordre international solide et fonctionnel est nécessaire pour préserver les intérêts des Suissesses et des Suisses", ajoute-t-il.

Berne s'engage sur les droits humains quel que soit le chef de la diplomatie. Mais avant cette première participation de M. Cassis, l'ambassadeur suisse auprès de l'ONU à Genève Valentin Zellweger souligne que "chaque conseiller fédéral a son style et apporte des nuances à la politique étrangère".

Guterres ou encore Van der Bellen

Au Conseil, l'anniversaire de la Déclaration sera marqué mercredi par un débat, auquel doivent participer le Haut commissaire aux droits de l'homme Zeid Raad al-Hussein et le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Plus généralement, cette 37e session va s'ouvrir dans un contexte où "la crise du multilatéralisme semble se renforcer", relève M. Zellweger. "Il y a une fébrilité sur la scène internationale et nous la ressentons à Genève".

Parmi les quelque 100 responsables attendus pour le segment de haut niveau lundi figurent quelques présidents, dont le chef d'Etat autrichien Alexander Van der Bellen. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres va aussi s'exprimer. Mais son discours le plus attendu est celui qu'il devrait prononcer dans la foulée devant une Conférence du désarmement qui a commencé ces derniers jours à surmonter un blocage de plus de 20 ans.

M. Guterres a déjà mentionné récemment "le besoin vital de restaurer le désarmement", avant son appel à un cadre juridique international sur les cyberguerres. La Conférence vient d'adopter cinq organes subsidiaires pour avancer dans ses travaux, notamment sur le nucléaire.

Pas de réforme rapide

Alors que les Etats-Unis ont tendu une situation déjà explosive en présentant leur nouvelle posture, M. Guterres pourrait dévoiler une nouvelle initiative sur ce type d'armement. "Nous avons réaffirmé la dissuasion au centre de notre politique. Dans le contexte actuel, un désarmement total n'est pas possible", dit un porte-parole du département d'Etat, Brian Neubert.

Les Etats-Unis n'ont pas caché non plus leur mécontentement contre le Conseil des droits de l'homme depuis l'arrivée de Donald Trump. Ils souhaitent une réforme, dont notamment le retrait du débat permanent sur Israël à l'ordre du jour.

De nouveau, ils ne dépêcheront aucun représentant important à cette session. "Le moment d'un retrait du Conseil n'est pas venu mais sans avancée, toutes les options resteront sur la table", affirme M. Neubert. Un apaisement, alors que M. Zeid a renoncé à mentionner les noms d'entreprises actives dans les territoires palestiniens occupés illégalement par Israël dans un rapport qui sera débattu.

La Suisse met en garde contre une modification du paquet actuel de discussions à Genève. Une telle modification pourrait susciter "des risques d'affaiblissement du Conseil et des conséquences négatives pour tous. Y compris pour ceux qui la souhaitent", dit M. Zellweger. Le nouveau président du Conseil Vojislav Suc n'attend lui pas de "réforme" avant 2021, au moment où l'Assemblée générale à New York décidera si elle fait de l'enceinte un organe principal de l'ONU.

Syrie, Yémen ou Birmanie

Cette session sera aussi la première, controversée, de la République démocratique du Congo (RDC) comme l'un des 47 Etats du Conseil. La Suisse est "extrêmement préoccupée" par la situation dans ce pays, qui fait l'objet de deux résolutions. Et "nous en discutons même si cet Etat est membre du Conseil", dit M. Zellweger.

Le conflit syrien sera aussi au menu. De même que plusieurs situations difficiles, de la Corée du Nord à la Birmanie en passant par le Yémen, la Libye ou le Soudan du Sud.

La Suisse présente des résolutions. Elles portent sur les droits humains et les drogues, la mise en oeuvre du mandat de prévention ou le renouvellement du mandat du rapporteur spécial sur les droits humains et l'environnement.

ats

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11