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Dodik en passe de l'emporter en Republika Srspka

Jelena Trivic a déjà proclamé sa victoire dans la course à la présidence de la Republika Srspka, l'entité serbe du pays. © KEYSTONE/AP/Radivoje Pavicic
Jelena Trivic a déjà proclamé sa victoire dans la course à la présidence de la Republika Srspka, l'entité serbe du pays. © KEYSTONE/AP/Radivoje Pavicic
Le chef politique des Serbes de Bosnie Milorad Dodik semble lundi en passe de remporter une victoire électorale cruciale en Bosnie. © KEYSTONE/AP/Darko Vojinovic
Le chef politique des Serbes de Bosnie Milorad Dodik semble lundi en passe de remporter une victoire électorale cruciale en Bosnie. © KEYSTONE/AP/Darko Vojinovic
Le chef politique des Serbes de Bosnie Milorad Dodik semble lundi en passe de remporter une victoire électorale cruciale en Bosnie. © KEYSTONE/AP/Darko Vojinovic
Le chef politique des Serbes de Bosnie Milorad Dodik semble lundi en passe de remporter une victoire électorale cruciale en Bosnie. © KEYSTONE/AP/Darko Vojinovic


Publié le 03.10.2022


Le chef politique des Serbes de Bosnie Milorad Dodik, sanctionné par Washington, semble lundi en passe de remporter une victoire électorale cruciale dans le pays fragile des Balkans, après un scrutin chaotique au cours duquel sa rivale l'a accusé de fraude.

Les multiples élections de dimanche, au niveau central et des deux entités du pays, divisé selon des lignes de fracture ethnique, ont produit des résultats qui pourraient aggraver l'instabilité de la région.

Jelena Trivic, 39 ans, la première à proclamer sa victoire à la course à la présidence de la Republika Srpska (RS), l'entité serbe, a accusé le camp de Milorad Dodik de fraude.

Selon la Commission électorale, le leader serbe de 63 ans, grand admirateur du président russe Vladimir Poutine, a obtenu 49% des voix contre 42% pour son ennemie jurée, après le décompte des voix dans 82% des bureaux de vote de la RS.

"Les derniers résultats confirment notre grande victoire", s'est réjoui sur Twitter le SNSD, la formation nationaliste de M. Dodik.

Mais l'opposition serbe a refusé d'en rabattre, affirmant que Jelena Trivic était bien la nouvelle présidente de la RS et que le scrutin avait été entâché de fraude.

"Le processus tout entier a été contaminé", a accusé la professeure d'économie, qui a fait campagne en promettant de pourfendre la corruption tout en jouant la carte du nationalisme. "Le processus électoral doit être répété dans la RS toute entière", a-t-elle ajouté lors d'un point de presse à Banja Luka, le chef-lieu de la RS. "C'est notre but ultime".

Exode massif

La Bosnie est gouvernée selon un système dysfonctionnel hérité des accords de paix de Dayton qui avaient mis fin à la guerre intercommunautaire en 1995. Le pays est divisé entre la Republika Srpska et une fédération croato-musulmane, le tout relié par un faible pouvoir central, souvent paralysé.

Depuis la fin du conflit, les principaux partis ont exploité les divisions ethniques pour se maintenir au pouvoir.

Pendant ce temps, tous ceux qui le pouvaient ont choisi l'exil face à l'absence de perspectives tant politiques qu'économiques dans un pays où le chômage touche environ 30% de la population active.

Près de 500'000 personnes ont quitté la Bosnie depuis le dernier recensement de 2013, quand elle comptait 3,5 millions d'habitants, selon les estimations de l'Union pour un retour durable, une ONG locale.

Depuis des mois, Milorad Dodik souffle sur les braises en multipliant les menaces de sécession, ce qui lui a valu de nouvelles sanctions de Washington en janvier.

Il brigue un troisième mandat à la présidence de la RS après quatre ans passés dans le fauteuil serbe de la présidence collégiale de la Bosnie, où il n'a cessé de dénigrer un pays "raté" qu'il "méprise", se rendant le moins souvent possible à Sarajevo.

Les remous en RS ne constituent pas la seule surprise du scrutin.

Réforme électorale

Dans la communauté musulmane, Bakir Izetbegovic, le chef du SDA nationaliste qui domine la vie politique depuis l'indépendance, a essuyé une cuisante défaite dans la course à la présidence tripartite.

Denis Becirovic, social-démocrate soutenu par onze partis d'opposition et qui milite pour une Bosnie "pro-européenne et unie", l'a emporté haut la main.

Côté croate, Zeljko Komsic a obtenu son quatrième mandat à la présidence collégiale, ce qui pourrait provoquer de nouvelles tensions. Porte-drapeau d'une Bosnie "citoyenne", il est apprécié des musulmans mais honni par une grande partie des Croates qui lui dénient toute légitimité.

Leurs griefs découlent de la domination démographique des musulmans dans l'entité commune, qui leur permet de désigner de fait le membre croate de la présidence tripartite et d'autres représentants politiques.

Juste après la fermeture des urnes, le Haut représentant international Christian Schmidt a annoncé des réformes dans cette entité où aucun gouvernement n'a pu être désigné à l'issue des dernières élections de 2018 en raison des désaccords entre les deux communautés.

"Ces mesures visent à améliorer la fonctionnalité de (l'entité) et à assurer la prompte mise en oeuvre du résultats des élections", a dit dans un communiqué le Haut représentant, doté d'importants pouvoirs discrétionnaires en Bosnie.

ats, afp

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