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Corruption et marchés truqués chez EDF: 38 prévenus au tribunal

38 prévenus, dont un ex-cadre d'EDF, étaient présents mercredi à l'ouverture de leur procès devant le tribunal correctionnel de Nanterre, près de Paris, pour un vaste système de corruption et de marchés truqués chez le producteur d'électricité (archives). © KEYSTONE/AP/JACQUES BRINON
38 prévenus, dont un ex-cadre d'EDF, étaient présents mercredi à l'ouverture de leur procès devant le tribunal correctionnel de Nanterre, près de Paris, pour un vaste système de corruption et de marchés truqués chez le producteur d'électricité (archives). © KEYSTONE/AP/JACQUES BRINON


Publié le 12.06.2019


Un total de 38 prévenus, dont un ex-cadre d'EDF, étaient présents mercredi à l'ouverture de leur procès devant le tribunal correctionnel de Nanterre pour un vaste système de corruption et de marchés truqués chez le producteur d'électricité.

Trente-quatre hommes et quatre femmes se pressaient mercredi dans une salle d'audience trop exiguë pour contenir autant de prévenus que d'avocats. Deux hommes poursuivis sont décédés au cours de la procédure.

L'audience a débuté par un long rappel des faits.

Au centre de ce que les enquêteurs ont qualifié de "pacte de corruption" figure Christian M., 64 ans, chargé jusqu'en 2012 des marchés liés aux centrales thermiques au sein d'EDF.

Cet homme mince aux cheveux poivre et sel, qui s'est présenté en jeans et polo quand les autres sont venus en costume, est accusé d'avoir favorisé mais aussi fourni des informations confidentielles à certaines sociétés afin qu'elles obtiennent des marchés passés par le géant de l'électricité, partie civile au procès.

En échange, les sociétés devaient verser de l'argent à Christian M. ou lui fournir des faveurs en nature, comme des travaux à son domicile ou le financement des études de ses enfants.

Les enquêteurs estiment que ce système aurait rapporté au principal prévenu, qui a reconnu les faits, plus d'un million d'euros, versés par neuf entreprises sous-traitantes d'EDF. Quatre d'entre elles sont convoquées devant le tribunal, les autres ayant déposé le bilan ou signé un accord à l'amiable pour payer une amende et éviter un procès. L'épouse de Christian M. devra, elle, répondre de recel.

Fausses missions de conseil

Pour verser l'argent sans soulever de soupçons, les sous-traitants devaient passer par un intermédiaire, Bertrand A., lui aussi renvoyé devant le tribunal, qui leur facturait une fausse mission de conseil par le biais d'une société basée en Tunisie.

L'argent était ensuite transféré vers un compte au Luxembourg, d'où il était retiré puis remis en mains propres à Christian M., en espèces et toujours dans des lieux différents. Sur chaque transaction, Bertrand A. touchait une commission de 30%.

Les pots-de-vin prenaient également la forme de cadeaux: travaux, voyages, vélos électriques, table aquarium, jukebox...

Neuf entreprises ayant fourni de fausses factures en échange de prestations pour Christian M. sont elles aussi poursuivies.

Si les faits sont reconnus par le principal prévenu pour une période courant de 2005 à 2012, Christian M. rejette cependant les accusations de "racket" formulées par certains prestataires.

Le procès doit durer jusqu'au 12 juillet. La décision devrait être rendue le 16 septembre.

ats, awp, afp

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