La Liberté

Croissance en Europe de l'Ouest par la migration, recul à l'Est

En Suisse, la hausse de population de 26% depuis 1990 est due principalement à l'immigration (photo symbolique). © KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER
En Suisse, la hausse de population de 26% depuis 1990 est due principalement à l'immigration (photo symbolique). © KEYSTONE/CHRISTIAN BEUTLER


Publié le 22.06.2018


Entre l'ouest et l'est de l'Europe, quelques centaines de kilomètres seulement séparent une "forte croissance démographique" liée à la migration d'une "perte alarmante". C'est le constat d'une analyse de l'Académie autrichienne des sciences (ÖAW) publiée vendredi.

Dans leur European Demographic Data Sheet, les spécialistes de l'Institut de démographie de l'ÖAW et du Wittgenstein Centre à Vienne ont étudié l'évolution de la population en Europe de 1990 à 2017. Au chapitre des causes, ils ont analysé les deux facteurs les plus déterminants, soit l'évolution naturelle - naissances et décès - et la migration, qui comprend l'immigration et l'émigration.

Alors que la population a progressé de 12% depuis la chute du Rideau de fer dans les quinze plus anciens Etats membres de l'Union européenne (UE), des pays occidentaux riches, elle a baissé de 7% en moyenne dans les 13 nouveaux Etats membres, plus pauvres, selon cette statistique.

Aux deux extrémités du classement, on trouve l'Irlande, avec une croissance de 36% liée principalement à l'évolution naturelle et la Bosnie-Herzégovine avec un recul de 22% dû à un solde migratoire négatif.

Hausse de 26% en Suisse

Parmi les pays à forte croissance figure la Suisse, avec une hausse de population de 26% liée principalement à la migration. La Norvège (+24%) suit, avec l'évolution naturelle et la migration à parts pratiquement égales, devant l'Espagne (+20%/migration), la France (+18%/surtout évolution naturelle) et la Suède (+17%/surtout migration).

Avec +15% presque exclusivement dus à la migration (13%), l'Autriche se situe au milieu peloton ouest-européen. Etonnamment, l'Allemagne affiche une croissance générale de 4% seulement: la hausse de 9% due à la migration est compensée par une évolution naturelle négative de -4% environ. L'Italie est à +7% et la Grèce +6%.

A l'autre bout de ce classement, la Lettonie, la Lituanie, la Moldavie, la Bulgarie, le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine affichent des baisses de population de plus de 20% liés dans la plupart des cas à la migration. La Russie, la Hongrie et la Serbie sont également dans le rouge, l'apport migratoire étant plus faible que l'évolution naturelle à la baisse.

Migration déterminante

"Les mouvements migratoires sont devenus déterminants dans la croissance et le recul des populations en Europe", résume le démographe de l'ÖAW Tomas Sobotka dans un communiqué. Alors que les taux de fertilité en Europe de l'Est ne se distinguent plus guère de ceux de l'Ouest, c'est la migration qui coupe le continent en deux, soulignent les chercheurs.

Mais alors que l'Europe à 28 a vu sa population augmenter de 8% à plus de 510 millions d'habitants, la population active n'y représente que 246 millions de personnes. Ce chiffre "pourrait stagner, voire baisser dans les prochaines années", selon l'ÖAW, qui pointe une "tendance fondamentale" au vieillissement de la population sur le continent.

ats, apa, afp

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11