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Damas accuse les rebelles d'un bombardement au chlore à Alep

Le directeur des services de santé d'Alep, Ziad Hajj Taha, a fait état de 50 cas de suffocation alors qu'il était interrogé par la télévision étatique syrienne. © KEYSTONE/AP SANA
Le directeur des services de santé d'Alep, Ziad Hajj Taha, a fait état de 50 cas de suffocation alors qu'il était interrogé par la télévision étatique syrienne. © KEYSTONE/AP SANA
Citant des "sources médicales", l'agence officielle Sana a rapporté dans la nuit de samedi à dimanche "107 cas de suffocation", après un premier bilan d'une cinquantaine de blessés. © KEYSTONE/EPA SANA/SANA HANDOUT
Citant des "sources médicales", l'agence officielle Sana a rapporté dans la nuit de samedi à dimanche "107 cas de suffocation", après un premier bilan d'une cinquantaine de blessés. © KEYSTONE/EPA SANA/SANA HANDOUT
L'agence officielle Sana a fait état de "107 cas de suffocation", tandis que l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a pour sa part fait état de 94 cas. © KEYSTONE/EPA SANA/SANA HANDOUT
L'agence officielle Sana a fait état de "107 cas de suffocation", tandis que l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a pour sa part fait état de 94 cas. © KEYSTONE/EPA SANA/SANA HANDOUT


Publié le 25.11.2018


Les autorités syriennes et russes ont accusé dimanche les rebelles d'avoir recouru à des armes chimiques qui auraient fait une centaine de blessés à Alep. Les intéressés démentent, alors que des raids aériens, probablement russes, ont visé des secteurs en leurs mains.

Une importante coalition rebelle a démenti toute implication dans l'attaque samedi soir contre cette métropole du nord aux mains du régime, les autorités syriennes et leur allié russe évoquant un possible recours au "chlore".

Dans un pays ravagé depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 360'000 morts, c'est le pouvoir de Bachar al-Assad qui a été le plus souvent accusé d'avoir utilisé l'arme chimique lors d'attaques souvent meurtrières.

Mais samedi, les autorités syriennes ont accusé des "groupes terroristes" d'avoir visé Alep, leur terminologie habituelle qui ne fait pas de distinction entre jihadistes et rebelles. La France ne dispose pas d'informations claires sur une éventuelle attaque chimique à Alep, en Syrie, a pour sa part déclaré Emmanuel Macron.

Des femmes et des enfants

Selon un photographe de l'AFP, des dizaines de personnes, dont des femmes et des enfants, ont afflué la nuit vers un hôpital d'Alep, certains allongés sur les brancards du Croissant-Rouge, ou alors portés par des proches.

Les blessés semblaient pris de vertige et avaient du mal à respirer. Ils ont été soignés à l'aide de masques à oxygène, qu'ils ont gardé pendant une quinzaine de minutes.

L'agence officielle Sana a fait état de "107 cas de suffocation". L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a pour sa part fait état de 94 cas, dont la majorité ont quitté l'hôpital.

Le chef de la police d'Alep, cité par Sana, a accusé "les groupes terroristes" d'avoir utilisé "des roquettes contenant des gaz toxiques". A Moscou, le ministère de la Défense russe a évoqué des "explosifs contenant apparemment du chlore".

Frappes de représailles

En représailles, "des frappes ont été menées par des avions de l'armée russe" contre des positions de "terroristes", selon le ministère de la Défense russe. "Toutes les cibles ont été détruites".

Ces raids, les premiers en plus de deux mois, ont visé des territoires contrôlés par les jihadistes et les rebelles près de la ville d'Alep, selon l'OSDH.

Ils interviennent malgré un accord dévoilé en septembre par la Russie et la Turquie, parrain traditionnel des rebelles, visant à mettre en place une trêve et à créer une "zone démilitarisée" qui doit séparer les territoires insurgés des régions gouvernementales dans les provinces voisines d'Alep et d'Idleb (nord-ouest).

Depuis fin 2016, Alep est sous contrôle du régime. Mais des secteurs à la périphérie ouest de la ville sont tenus par des groupes rebelles et jihadistes. Ceux-ci contrôlent en grande partie la province d'Idleb, ultime grand bastion insurgé et jihadiste de Syrie.

Les rebelles démentent

Le Front national de libération, l'alliance rebelle la plus importante présente dans les provinces d'Alep et d'Idleb, a démenti toute implication dans l'attaque.

"Nous démentons les allégations mensongères du régime sur une attaque contre Alep qui aurait été menée par les révolutionnaires (...) à l'aide de projectiles contenant du gaz de chlore", a indiqué dans un communiqué le porte-parole de la coalition.

"Seul le régime criminel et son gang possèdent (ces armes) et les utilisent en Syrie", selon lui. Toutefois, les groupes jihadistes présents dans le secteur, dont l'organisation Hayat Tahrir al-Cham et le groupuscule Houras al-Din, liés à Al-Qaïda, n'ont pas réagi.

Abou Omar, porte-parole du groupe rebelle Faïlak al Cham, a pour sa part accusé Damas d'une machination destinée à justifier une offensive.

Régime régulièrement accusé

Tout au long du conflit, le régime a été accusé par l'ONU et les capitales occidentales de faire usage d'armes chimiques, ce qu'il a toujours démenti.

En avril, le pouvoir avait été pointé du doigt pour une attaque chimique dans la Ghouta orientale, ex-bastion insurgé aux portes de Damas, qui a fait 40 morts civils selon les secouristes en zones rebelles. Les Occidentaux avaient mené des frappes de représailles.

Sur l'attaque de samedi à Alep, le négociateur en chef de l'opposition syrienne en exil, Nasr al-Hariri, a accusé le régime Assad de fabriquer "un prétexte afin de lancer une opération militaire dans le nord syrien".

Car Idleb a échappé de justesse à une offensive du régime, grâce à l'accord pour une "zone démilitarisée". Cette zone démilitarisée devait être mise en place en octobre après un retrait du secteur des jihadistes qui au final sont restés sur place. Des escarmouches y opposent régulièrement armée aux rebelles et jihadistes.

ats, afp, reu

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