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Damas responsable d'une attaque au chlore à Douma en Syrie en 2018

"Il existe des motifs raisonnables de croire que les forces aériennes arabes syriennes sont les auteurs de l'attaque aux armes chimiques du 7 avril 2018 à Douma", a déclaré dans un communiqué l'OIAC, basée à La Haye. © KEYSTONE/EPA/EMAD ALDIN
"Il existe des motifs raisonnables de croire que les forces aériennes arabes syriennes sont les auteurs de l'attaque aux armes chimiques du 7 avril 2018 à Douma", a déclaré dans un communiqué l'OIAC, basée à La Haye. © KEYSTONE/EPA/EMAD ALDIN
"Il existe des motifs raisonnables de croire que les forces aériennes arabes syriennes sont les auteurs de l'attaque aux armes chimiques du 7 avril 2018 à Douma", a déclaré dans un communiqué l'OIAC, basée à La Haye. © KEYSTONE/EPA/EMAD ALDIN
"Il existe des motifs raisonnables de croire que les forces aériennes arabes syriennes sont les auteurs de l'attaque aux armes chimiques du 7 avril 2018 à Douma", a déclaré dans un communiqué l'OIAC, basée à La Haye. © KEYSTONE/EPA/EMAD ALDIN


Publié le 27.01.2023


L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a accusé vendredi Damas d'avoir mené une attaque au chlore qui a fait 43 morts en Syrie en 2018. Un incident qui avait déclenché des tensions entre Damas et l'Occident.

Selon un rapport très attendu des enquêteurs de l'OIAC, "il existe des motifs raisonnables de croire" qu'au moins un hélicoptère de l'armée de l'air syrienne a largué deux barils de gaz toxique sur la ville de Douma, près de Damas, durant la guerre civile.

Damas et son allié Moscou ont affirmé que l'attaque avait été mise en scène par des secouristes à la demande des États-Unis, qui ont lancé des frappes aériennes sur la Syrie quelques jours plus tard avec le Royaume-Uni et la France.

L'affaire avait également suscité la controverse après une fuite d'informations selon lesquelles deux anciens employés de l'OIAC, basée à La Haye, avaient mis en doute les conclusions d'une enquête antérieure.

"Agir"

Mais l'OIAC a déclaré que ses enquêteurs avaient "examiné une série de scénarios possibles" et conclu que "les forces aériennes arabes syriennes sont les auteurs de cette attaque".

"L'utilisation d'armes chimiques à Douma - et ailleurs - est inacceptable et constitue une violation du droit international", a déclaré dans un communiqué le directeur général de l'OIAC, Fernando Arias. "Le monde connaît désormais les faits - il appartient à la communauté internationale d'agir, à l'OIAC et au-delà", a ajouté M. Arias.

La Suisse condamne fermement l'utilisation d'armes chimiques en Syrie et exige de toutes les parties au conflit qu'elles respectent le droit international et en particulier le droit international humanitaire, indique le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) vendredi soir dans un communiqué.

Et d'ajouter qu'il est essentiel d'enquêter sur les faits afin de prévenir de futures exactions et de ne pas laisser des crimes aussi graves impunis.

Deux cylindres jaunes

"Au moins un hélicoptère Mi-8/17 de l'armée de l'air arabe syrienne, au départ de la base aérienne de Dumayr et opérant sous le contrôle des Forces du Tigre, a largué deux cylindres jaunes, qui ont touché deux immeubles résidentiels dans une zone centrale de la ville", est-il écrit dans le rapport.

Un cylindre a heurté un toit, "s'est rompu et a rapidement libéré un gaz toxique, du chlore, à des concentrations très élevées, qui s'est rapidement dispersé dans le bâtiment, tuant 43 personnes identifiées et affectant des dizaines d'autres", indique le rapport.

Le deuxième cylindre a percuté un appartement, s'est partiellement ouvert et "a commencé à libérer lentement du chlore, affectant légèrement ceux qui sont arrivés les premiers sur les lieux", ajoute-t-il.

Les enquêteurs ont analysé des échantillons prélevés sur les lieux, interrogé des survivants et des témoins et effectué des tests balistiques, notamment des "essais de chute de cylindre". Ils ont aussi examiné des preuves vidéo et photographiques, des images satellite, des schémas informatiques et sollicité des experts.

Moscou et Damas nient

Douma était contrôlée par des rebelles au moment de l'incident, survenu lors d'une offensive majeure des forces gouvernementales syriennes pour reprendre la ville, située près de la capitale, Damas.

Les secouristes ont déclaré à l'époque qu'ils avaient soigné des personnes souffrant de problèmes respiratoires, d'écume à la bouche et d'autres symptômes.

Damas et son allié, Moscou, ont nié à plusieurs reprises qu'il y avait eu une attaque à Douma et ont avancé un certain nombre de théories alternatives.

Ils ont accusé les rebelles et les secouristes d'avoir mis en scène l'attaque et d'avoir apporté des cadavres sur les lieux. Ils ont également soutenu qu'une usine d'armes chimiques islamiste avait été touchée.

Refus d'accès au site

Mais les enquêteurs de l'OIAC ont déclaré qu'il n'y avait aucune preuve à l'appui de ces allégations. L'équipe "a méticuleusement examiné les pistes d'enquête et les scénarios suggérés par les autorités syriennes et d'autres États parties (à l'OIAC), mais n'a pas pu obtenir d'informations concrètes à l'appui", a indiqué l'organisme.

L'OIAC dit par ailleurs "regretter" que la Syrie ait refusé de lui permettre d'accéder au site pour enquêter, malgré diverses demandes et les obligations de Damas en vertu de la Convention sur les armes chimiques.

Le rapport rejette également les allégations d'anciens enquêteurs selon lesquelles l'OIAC a modifié les conclusions initiales d'une enquête en 2018, dans le but de rendre la preuve d'une attaque chimique plus concluante.

La Syrie nie l'utilisation d'armes chimiques et assure avoir remis ses stocks dans le cadre d'un accord de 2013, provoqué par une attaque présumée au gaz sarin qui a tué 1400 personnes dans la banlieue de Damas, à Ghouta.

ats, afp

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