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Dans Beyrouth dévastée, Macron réclame une enquête internationale

Lors de sa visite dans le quartier de Gemmayzé, Emmanuel Macron a serré la main à plusieurs personnes et a même pris dans ses bras une jeune femme. © KEYSTONE/AP/Bilal Hussein
Lors de sa visite dans le quartier de Gemmayzé, Emmanuel Macron a serré la main à plusieurs personnes et a même pris dans ses bras une jeune femme. © KEYSTONE/AP/Bilal Hussein
Lors de sa visite dans le quartier de Gemmayzé, Emmanuel Macron a serré la main à plusieurs personnes et a même pris dans ses bras une jeune femme. © KEYSTONE/AP/Bilal Hussein
Lors de sa visite dans le quartier de Gemmayzé, Emmanuel Macron a serré la main à plusieurs personnes et a même pris dans ses bras une jeune femme. © KEYSTONE/AP/Bilal Hussein


Publié le 06.08.2020


En visite à Beyrouth, Emmanuel Macron a réclamé jeudi une enquête internationale sur l'explosion dévastatrice de mardi. Il a appelé à un "profond changement" de la part des dirigeants libanais, accusés d'incompétence et de corruption par une population en colère.

Au terme d'une visite de quelques heures, le président français a annoncé lors d'une conférence de presse son retour à Beyrouth le 1er septembre ainsi qu'une conférence d'aide "dans les tout prochains jours" pour le Liban, pays meurtri et proie à une crise économique inédite.

Dans ce contexte, le Fonds monétaire international (FMI) a lui aussi appelé le pouvoir libanais à "des réformes cruciales" pour sortir les négociations de l'impasse. Il a souligné qu'il était "temps pour la communauté internationale et les amis du Liban de se mobiliser pour l'aider en ce moment d'urgence".

Provoquée mardi par un incendie dans l'entrepôt où 2700 tonnes de nitrate d'ammonium étaient stockées depuis 2014 au port de Beyrouth, l'énorme déflagration a fait au moins 149 morts, 5000 blessés, des dizaines de disparus et des centaines de milliers de sans-abri.

"Enquête internationale"

M. Macron s'est rendu dans les ruines du port, puis dans le quartier ravagé de Gemmayzé, où il a pu observer la détresse des habitants qui ont réclamé le départ d'une classe dirigeante en place depuis des décennies.

"Il faut une enquête internationale ouverte, transparente pour éviter que d'abord des choses soit cachées, et aussi que le doute ne s'installe", a-t-il dit après des entretiens avec les dirigeants libanais et des représentants de la société civile.

Responsabilité rejetée

Les autorités libanaises affirment que l'entrepôt a explosé après un incendie. Autorités du port, services des douanes et certains services de sécurité étaient tous au courant que des matières chimiques dangereuses y étaient entreposées, mais ils se sont rejeté mutuellement la responsabilité.

Depuis le drame, au moins seize fonctionnaires du port de Beyrouth et des autorités douanières ont été placés en détention. Il s'agit de "responsables du conseil d'administration du port de Beyrouth et de l'administration des douanes, et des responsables des travaux d'entretien et des (ouvriers) ayant effectué des travaux dans le hangar numéro 12", où était stocké le nitrate d'ammonium, a annoncé jeudi le procureur militaire.

Le gouvernement n'a pas été capable de justifier la présence du nitrate d'ammonium "sans mesures de précaution" au port. Le chef de la diplomatie Charbel Wehbé a dit qu'une commission d'enquête donnerait bientôt "un rapport sur les responsabilités".

"Refondation politique"

Furieux après une catastrophe de trop dans le pays en plein naufrage, les Libanais réclament des comptes. "Aidez-nous! Révolution!", "Le peuple veut la chute du régime", ont scandé le habitants de Gemmayzé devant M. Macron.

Le président français l leur a promis de demander aux dirigeants libanais de "changer le système (...), de lutter contre la corruption". Devant la presse, il a répété que "c'est le temps des responsabilités pour le Liban et ses dirigeants", appelant à une "refondation d'un ordre politique" et à de "profonds changements".

Après avoir dit que l'aide internationale n'irait "pas dans les mains de la corruption", M. Macron a annoncé que Paris organiserait "une conférence internationale de soutien" aux Libanais, afin de mobiliser "des financements internationaux, des Européens, des Américains, de tous les pays de la région et au-delà".

Dans une capitale aux airs d'apocalypse et alors que les autorités n'ont mis en place aucun dispositif pour aider les citoyens, des centaines de Libanais se sont mobilisés, dans un vaste élan de solidarité, pour poursuivre les opérations de déblaiement ou d'accueil des sans-abri.

Plusieurs pays dont la France ont dépêché secouristes, matériel médical et sanitaire ainsi que des hôpitaux de campagne. L'Union européenne a débloqué 33 millions d'euros en urgence, l'armée américaine a envoyé trois cargaisons d'eau, de nourriture et de médicaments et la Suisse a envoyé une équipe d'experts.

ats, afp

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