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Début du procès de l'ancien patron de la banque Raiffeisen

Pieren Vincenz, ancien patron de la banque Raiffeisen, est accusé d'escroquerie par métier, de gestion déloyale, de faux dans les titres et de corruption passive (archives). © KEYSTONE/GIAN EHRENZELLER
Pieren Vincenz, ancien patron de la banque Raiffeisen, est accusé d'escroquerie par métier, de gestion déloyale, de faux dans les titres et de corruption passive (archives). © KEYSTONE/GIAN EHRENZELLER
Pierin Vincenz, l'ancien patron de la banque Raiffeisen, à son arrivée au tribunal mardi matin à Zurich. © KEYSTONE/MICHAEL BUHOLZER
Pierin Vincenz, l'ancien patron de la banque Raiffeisen,  à son arrivée au tribunal mardi matin à Zurich. © KEYSTONE/MICHAEL BUHOLZER
Pierin Vincenz, l'ancien patron de la banque Raiffeisen, à son arrivée au tribunal mardi matin à Zurich. © KEYSTONE/MICHAEL BUHOLZER
Pierin Vincenz, l'ancien patron de la banque Raiffeisen,  à son arrivée au tribunal mardi matin à Zurich. © KEYSTONE/MICHAEL BUHOLZER


Publié le 25.01.2022


Le procès de Pierin Vincenz, l'ancien patron de la banque Raiffeisen, s'est ouvert mardi à Zurich. Il est notamment accusé d'escroquerie par métier, de gestion déloyale et de corruption passive. L'ancien banquier a rejeté les accusations portées contre lui.

Les frais qu'il a fait valoir étaient justifiés par des raisons commerciales, a expliqué Pierin Vincenz. Il a toutefois reconnu des erreurs en ce qui concerne notamment des frais d'avocats. Certaines factures auraient été envoyées par erreur à la banque par le cabinet d'avocats qui le défend au lieu de lui être adressées.

Concernant les dépenses dans des boîtes de nuit et des clubs de strip-tease, facturées à la banque comme frais professionnels, l'ancien homme fort de la Raiffeisen a déclaré que "ces visites avaient lieu dans le cadre de repas de nuit et de manifestations". Il s'agissait d'entretenir des contacts avec des hommes d'affaires.

Raisons professionnelles

Pour les voyages privés facturés à la banque, Pierin Vincenz a affirmé qu'ils étaient dans l'ensemble motivés par des raisons professionnelles. Le club de cuisine qu'il avait invité à une excursion en jet privé aux frais de la banque était "un club d'affaires". Il s'agissait là de nouer des contacts, pas de cuisiner. "Des affaires concrètes ont été conclues", a-t-il déclaré.

Le Ministère public reproche aussi à l'ancien banquier d'avoir poussé au rachat d'entreprises dans lesquelles il avait des participations privées occultes. Il a reconnu n'avoir pas révélé sa participation dans "Commtrain". C'était il y a 15 ans et il était inexpérimenté, a justifié le prévenu.

Il s'agissait d'un investissement privé. Pour des raisons de discrétion, il n'a pas voulu que l'on sache qu'il investissait dans des PME, a-t-il ajouté. Pour d'autres affaires, il a fait valoir qu'il ne détenait plus de participation au moment des rachats. "Je n'ai pas le sentiment d'avoir entrepris quelque chose de criminel". Il se sent innocent, a-t-il répondu à une question du juge.

Demandes de report du procès

Dès l'ouverture de l'audience, plusieurs avocats ont déposé des demandes de report de l'ensemble du procès. Un des coaccusés n'est pas présent, car il est atteint du Covid-19 et se trouve en isolement. Le tribunal a décidé que ce coaccusé sera interrogé lors de l'audience du 9 février.

Un report n'entre pas en ligne de compte, a indiqué le président du tribunal de district de Zurich. Les juges ont délibéré quatre heures avant de faire connaître leurs décisions sur les demandes de la défense.

L'avocat de Beat Stocker, l'autre principal prévenu, a demandé que l'acte d'accusation soit renvoyé au Ministère public pour être remanié. Diverses accusations sont prescrites et d'autres ne font pas l'objet d'une plainte pénale, a-t-il argumenté.

Un avocat a aussi fait valoir que son client, qui vit en Suisse romande, ne peut pas se défendre personnellement. Il estime qu'aucune procédure équitable n'est possible, car l'acte d'accusation et les pièces essentielles du dossier n'ont pas été traduits en français. Un recours à ce sujet a été déposé au Tribunal fédéral.

Un autre défenseur a demandé que la procédure contre son client soit totalement abandonnée. Le prévenu âgé de 68 ans ne serait plus en état de comparaître en raison d'une maladie neurologique qui n'est pas guérissable.

Procureur opposé au report du procès

Le procureur s'est prononcé contre le report du procès. Ce n'est pas nécessaire, car le coaccusé absent s'est exprimé dans le cadre de l'enquête. Pour le prévenu romand, le procureur estime que ses droits ont été respectés. Ses demandes de traduction ont été rejetées à deux reprises par la Cour suprême du canton de Zurich.

Les deux principaux prévenus sont Pierin Vincenz et Beat Stocker, ex-patron de l'émetteur de cartes de crédit Aduno. Le Ministère public requiert contre chacun six ans de prison. Ils sont accusés d'escroquerie par métier, de gestion déloyale, de faux dans les titres et de corruption passive.

Acte d'accusation de 364 pages

Les deux hommes se seraient accordé des avantages financiers indus lors de rachats d'entreprises, selon l'acte d'accusation de 364 pages. Ils auraient aussi perçu des indemnités basées sur des notes de frais illégitimes.

Selon le Ministère public, les deux accusés ont empoché illicitement un total de 25 millions de francs, 9 millions pour Pierin Vincenz et 16 millions pour Beat Stocker. Les deux hommes auraient influencé le groupe Raiffeisen et d'autres sociétés financières qu'ils dirigeaient et conseillaient afin qu'elles rachètent des entreprises dans lesquelles ils avaient des participations privées occultes.

Il leur est aussi reproché de s'être fait rembourser des notes de frais privées par leur employeur. Ainsi, Pierin Vincenz aurait compté comme frais professionnels de coûteuses visites dans des boîtes de strip-tease et autres bars de prostitution pour un peu plus de 200'000 francs. L'accusation énumère 120 visites dans 18 établissements.

Frais de voyages privés

L'ancien patron de Raiffeisen se serait aussi fait rembourser par la banque des frais de voyages privés pour un montant de 250'000 francs. Il y a aussi une facture de 3778 francs pour la réparation d'une chambre d'hôtel après un conflit entre le banquier et une relation.

Les cinq autres prévenus sont accusés de complicité d'escroquerie ou d'abus de confiance. Le Ministère public requiert contre eux des condamnations allant d'une peine pécuniaire avec sursis à deux ans et demi de prison avec sursis partiel.

Compte tenu de l'affluence attendue et de l'intérêt médiatique, les audiences se déroulent au Volkshaus de Zurich. Le procès doit durer quatre jours, mais un jour supplémentaire, le 9 février, est déjà prévu, un autre sera peut-être nécessaire. Les audiences reprennent mercredi.

ats

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