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Début du procès du metteur en scène Kirill Serebrennikov

Le procès du metteur en scène Kirill Serebrennikov a commencé à Moscou. © KEYSTONE/EPA/SERGEI ILNITSKY
Le procès du metteur en scène Kirill Serebrennikov a commencé à Moscou. © KEYSTONE/EPA/SERGEI ILNITSKY


Publié le 17.10.2018


Le procès du metteur en scène Kirill Serebrennikov a commencé mercredi à Moscou par une audience à huis clos, un an après l'assignation à résidence de l'enfant terrible du théâtre russe. Il est accusé de détournements de fonds dans une affaire qu'il dit "absurde".

Kirill Serebrennikov est accusé d'avoir détourné 133 millions de roubles (1,7 million d'euros) de subventions publiques destinées à son théâtre moscovite via un système de devis et factures gonflés entre 2011 et 2014. En juillet, au moment où son assignation à résidence était à nouveau prolongée, le metteur en scène et cinéaste de 49 ans avait déclaré qu'un seul mot, "absurde", pouvait résumer cette affaire et assuré que ces sommes avaient servi à créer des oeuvres.

Mercredi au tribunal Mechtchanski de Moscou, les deux parties ont présenté leurs arguments devant le juge et la première audience publique a été fixée au 25 octobre.

Les avocats de M. Serebrennikov ont demandé au juge de faire comparaître en tant que témoins les 400 personnes impliquées dans son projet théâtral et de suspendre son assignation à résidence, mais ces deux requêtes ont été rejetées. "La principale chose, c'est que les gens qui ne représentent aucun danger pour la société puissent travailler", a déclaré à des journalistes l'un des avocats, Dmitri Kharitonov.

Kirill Serebrennikov avait été arrêté dans la nuit du 21 au 22 août 2017 en plein tournage d'un film à Saint-Pétersbourg et assigné à résidence. Quatre mois plus tard, la justice russe ordonnait la saisie des biens du metteur en scène, notamment de son appartement et de sa voiture. Plusieurs de ses collaborateurs sont également poursuivis dans cette affaire.

Oeuvres critiquées

Pour ses partisans, Kirill Serebrennikov paie la montée en puissance des valeurs conservatrices en Russie, où les artistes sont confrontés à une pression croissante. Sans s'opposer ouvertement au président Vladimir Poutine, Kirill Serebrennikov avait à plusieurs reprises critiqué ces pressions tandis que ses oeuvres, abordant des thèmes comme la politique, la religion et la sexualité, sont régulièrement critiquées par les militants orthodoxes ou les autorités.

En raison de son assignation à résidence, Kirill Serebrennikov n'a pas pu participer en mai à la montée des marches à Cannes avec l'équipe de son film "Leto" ("L'été"), présenté en compétition et dont le réalisateur avait terminé le montage chez lui.

Il avait aussi manqué en décembre 2017 la première de son ballet "Noureev", consacré au danseur étoile soviétique passé à l'ouest en 1961 et monté au Bolchoï dans la capitale russe. Le spectacle lui-même avait été pris dans une controverse, retardant la première de six mois.

ats, afp

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