La Liberté

Début du procès historique des dirigeants indépendantistes catalans

Manifestation à Barcelone le 1er octobre 2017 à l'occasion du premier anniversaire du référendum sur l'indépendance de la Catalogne déclaré illégal par le gouvernement espagnol (archives). © KEYSTONE/EPA EFE/ALBERTO ESTEVEZ
Manifestation à Barcelone le 1er octobre 2017 à l'occasion du premier anniversaire du référendum sur l'indépendance de la Catalogne déclaré illégal par le gouvernement espagnol (archives). © KEYSTONE/EPA EFE/ALBERTO ESTEVEZ


Publié le 12.02.2019


Le procès historique de douze dirigeants indépendantistes catalans s'ouvre ce mardi devant la Cour suprême de Madrid. Une procédure que l'ex-président de la Catalogne Carles Puigdemont en exil qualifie de extrêmement honteuse.

Le ministère public espagnol accuse les politiciens et les militants, dont la plupart sont en prison depuis plus d'un an, de rébellion, d'émeute et de détournement de fonds publics lors du référendum du 1er octobre 2017 sur l'indépendance. Parmi les accusés se trouvent trois femmes.

"C'est le procès le plus important que nous ayons organisé (depuis le rétablissement de la) démocratie", après la mort du dictateur Francisco Franco en 1975, a estimé récemment Carlos Lesmes, le président de la Cour suprême, qui va juger l'affaire à partir de 10h00. Ce procès retransmis en direct à la télévision devrait durer environ trois mois. Le verdict ne devrait pas être rendu avant juillet.

Le principal protagoniste sera ancien vice-président Oriol Junqueras, contre lequel le parquet a requis 25 ans de prison. Des peines allant de 7 à 17 ans ont été requises contre les onze autres accusés, dont l'ancienne présidente du parlement catalan, plusieurs "ministres" régionaux et les responsables des puissantes associations indépendantistes ANC et Omnium Cultural.

Des centaines de personnes vont être appelées à témoigner durant ces trois mois dont l'ancien chef de gouvernement conservateur Mariano Rajoy, au pouvoir au moment des faits.

Indépendance en vue

La principale figure de la tentative de sécession, l'ex-président catalan Carles Puigdemont, qui a fui en Belgique, sera le grand absent sur le banc des accusés. L'Espagne ne juge pas en absence pour les délits graves. Dans un entretien accordé au Tages-Anzeiger et publié mardi, le politicien estime que "tout le processus est une honte".

Il est inacceptable que le tribunal qualifie d'acte criminel l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Ni vingt-cinq ni un an de prison ne seraient appropriés. Le droit international donne à tous les peuples le droit à l'autodétermination. L'Espagne a reconnu cette disposition, mais ne l'a jamais appliquée, selon lui. Le Ministère public espagnol invoque lui la protection de la Constitution qui, selon lui, ne permet pas de référendum en la matière.

Dans cette interview, Puigdemont se dit aussi convaincu que l'indépendance de la Catalogne se fera de son vivant. "Nous sommes dans une phase de transition, nous continuerons à nous battre. Le problème de la Catalogne existe depuis 300 ans. Il est temps de trouver une solution."

Manifestations prévues

L'ancien magistrat sait qu'il risque des années d'exil. "C'est possible, je m'y suis préparé ", a-t-il poursuivi. Il s'entretient tous les jours avec les membres de sa famille par vidéo et reçoit des visites toutes les trois semaines. "J'ai la chance de pouvoir faire mon travail ici à Bruxelles en toute liberté, grâce aux droits qui me sont garantis par l'UE".

Les séparatistes dénoncent une "farce" et un procès politique. Ils ont appelé à une manifestation à Barcelone mardi à 19h00. D'autres mobilisations sont prévues dans différentes villes catalanes dans les prochaines semaines mais aussi à Bruxelles et dans des villes allemandes telles que Berlin, Hambourg et Cologne.

ats, dpa, afp

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11