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Décès d'Elie Buzyn, l'un des derniers témoins français d'Auschwitz

M.Buzyn est un des derniers rescapés français du camp d'Auschwitz. Il se fera enlever chirurgicalement son numéro de déporté, car "on ne peut pas vivre avec cela en le voyant tous les jours" (Photo prétexte).. © KEYSTONE/EPA www.auschwitz.org/PAWEL SAWICKI /
M.Buzyn est un des derniers rescapés français du camp d'Auschwitz. Il se fera enlever chirurgicalement son numéro de déporté, car "on ne peut pas vivre avec cela en le voyant tous les jours" (Photo prétexte).. © KEYSTONE/EPA www.auschwitz.org/PAWEL SAWICKI /


Publié le 23.05.2022


Elie Buzyn, l'un des derniers grands témoins français d'Auschwitz, est mort lundi matin, a annoncé sa fille, l'ancienne ministre française de la santé Agnès Buzyn. Il avait 93 ans.

Elie Buzyn "était entouré de sa famille", a déclaré sa fille à l'AFP. Il "a transmis le relais avec une constance et une détermination incroyable jusqu'au bout", a affirmé le grand rabbin de France Haïm Korsia.

Le président du Conseil représentatif des institutions juives (Crif), Francis Kalifat, a lui aussi rendu hommage à cet "immense témoin de la Shoah et infatigable combattant de la mémoire".

Ce rescapé du camp d'Auschwitz, né en Pologne le 7 janvier 1929, avait été arrêté en août 1944 dans le ghetto juif de Lodz où sa famille était parquée. En 1956, il s'installe en France, où il deviendra chirurgien orthopédique et épousera une psychanalyste de renom, Etty Buzyn (née Wrobel), spécialiste de la petite enfance.

"Passer le relais"

Elie Buzyn fera enlever chirurgicalement son tatouage de déporté: "vous ne pouvez pas vivre si vous vivez avec ça tous les jours", dit-il.

Un demi-siècle après le génocide, son fils, âgé alors d'une vingtaine d'années, lui dit: "je veux aller à Auschwitz voir où mes grands-parents paternels ont disparu. Je comprends que ce soit trop dur pour toi. J'irai seul, avec un groupe". "Dans la minute je lui ai dit: 'Si quelqu'un doit t'accompagner, c'est moi'", confiait le Dr Buzyn.

Dès lors, il a considéré comme "un devoir" de témoigner dans les écoles et à Auschwitz. Elie Buzyn y a emmené ses enfants - deux filles et un fils - et plusieurs de ses huit petits-enfants, quand ils avaient passé l'âge de quinze ans.

Il demeurait convaincu que tous ceux qu'il avait aidés à approcher l'horreur des camps allaient "devenir à leur tour des témoins. Des témoins des témoins".

Il est décédé lundi matin, après avoir fait un malaise dimanche soir, "juste après une conférence de témoignages, où il était avec des jeunes pour 'passer le relais', une conférence (...) très bouleversante, qui l'a beaucoup touché", a expliqué Agnès Buzin.

ats, afp

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