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Démanteler Facebook n'est pas la solution, dit son fondateur

Démanteler Facebook, qui alloue un budget important au contrôle de contenu, l'empêcherait précisément de lutter efficacement contre les problèmes liés aux contenus ou à la vie privée (image symbolique). © KEYSTONE/AP/BEN MARGOT
Démanteler Facebook, qui alloue un budget important au contrôle de contenu, l'empêcherait précisément de lutter efficacement contre les problèmes liés aux contenus ou à la vie privée (image symbolique). © KEYSTONE/AP/BEN MARGOT


Publié le 24.05.2019


Le patron de Facebook a rejeté jeudi toute idée de démantèlement du groupe. Cela "ne réglerait pas les problèmes" liés aux contenus ou à la vie privée contre lesquels il dit lutter ardemment. Mais Mark Zuckerberg a redit être favorable "à une régulation d'internet".

Oter les "contenus nocifs", "empêcher les ingérences dans les élections, nous assurer que nous avons les bons outils de confidentialité", entre autres, sont "selon moi, les sujets de société les plus importants à l'heure actuelle", a affirmé le jeune chef d'entreprise, lors d'une conférence téléphonique consacrée au sujet.

Or démanteler Facebook, qui alloue un budget important au contrôle de contenu, l'empêcherait précisément de lutter efficacement contre ces problèmes. "Nous pouvons faire des choses que les autres (entreprises) ne peuvent juste pas faire".

Mark Zuckerberg répondait ainsi aux voix qui dénoncent un monopole comme Chris Hughes, un cofondateur de Facebook, ou encore la sénatrice Elizabeth Warren, une candidate démocrate à la présidentielle de 2020. Ces derniers ont récemment appelé au démantèlement du groupe et d'autres colosses technologiques qu'ils jugent trop puissants.

En revanche, le patron du réseau social a répété jeudi être favorable "à une régulation d'internet": "Je ne pense pas que les entreprises seules doivent prendre toutes les décisions sur ce qu'on peut voir ou non sur internet."

Chiffres à l'appui

Le groupe a dit avoir désactivé immédiatement, c'est-à-dire avant même qu'ils ne deviennent actifs, 1,2 milliard de comptes au dernier trimestre 2018 et 2,2 milliards sur les trois premiers mois de 2019. Cette hausse est "due aux attaques automatisées d'acteurs malveillants (cherchant à) créer de larges volumes de comptes en même temps".

Selon Facebook, ces comptes-là sont faciles à repérer par ses systèmes automatisés et il parvient à presque tous les supprimer avant qu'ils ne créent de "tort". Il peut s'agir de comptes destinés à envoyer des courriers indésirables par exemple.

Toutefois, le réseau social estime que 5% des comptes actuellement comptabilisés comme actifs sur la plateforme sont "faux" - c'est-à-dire par exemple qu'ils ne représentent pas une vraie personne ou une organisation - sur un total de quelque 2,4 milliards d'usagers mensuels actifs.

Plus difficiles à repérer, ils peuvent servir à relayer des campagnes de désinformation à des fins de manipulation politique, l'un des sujets qui empoisonnent Facebook. Le groupe annonce régulièrement des vagues de suppressions de comptes actifs jugés "inauthentiques".

Harcèlement difficile à détecter

Dans son rapport publié jeudi, le réseau social détaille aussi les contenus qui enfreignent ses règles d'utilisation. Pour la nudité, la violence, le sexe, les spams, l'exploitation sexuelle des enfants ou la "propagande terroriste", Facebook affirme détecter plus de 95% des contenus avant qu'un usager ne les lui signale.

En revanche, cette proportion tombe à 65% pour les propos "haineux" (racisme, antisémitisme par exemple) et même à 14% pour le harcèlement, plus difficiles à détecter. Le groupe souligne néanmoins qu'il ne repérait que 38% des discours de haine au premier trimestre 2018.

ats, afp

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