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Conte démissionne, plongeant l'Italie dans l'incertitude

Giuseppe Conte, avocat et professeur de droit de 56 ans qui n'a jamais été candidat à une élection, était un illustre inconnu lorsqu'il a pris la tête d'un premier gouvernement en juin 2018. © KEYSTONE/EPA/ROBERTO MONALDO / POOL
Giuseppe Conte, avocat et professeur de droit de 56 ans qui n'a jamais été candidat à une élection, était un illustre inconnu lorsqu'il a pris la tête d'un premier gouvernement en juin 2018. © KEYSTONE/EPA/ROBERTO MONALDO / POOL
Giuseppe Conte, avocat et professeur de droit de 56 ans qui n'a jamais été candidat à une élection, était un illustre inconnu lorsqu'il a pris la tête d'un premier gouvernement en juin 2018. © KEYSTONE/EPA/ROBERTO MONALDO / POOL
Giuseppe Conte, avocat et professeur de droit de 56 ans qui n'a jamais été candidat à une élection, était un illustre inconnu lorsqu'il a pris la tête d'un premier gouvernement en juin 2018. © KEYSTONE/EPA/ROBERTO MONALDO / POOL


Publié le 26.01.2021


Le Premier ministre italien Giuseppe Conte, dont la coalition a été lâchée par un parti pivot, a présenté mardi sa démission. Il tentera dans la foulée de former un nouveau gouvernement pour sortir le pays de la double crise économique et sanitaire.

Le deuxième gouvernement formé en septembre 2019 par Giuseppe Conte - une coalition entre le PD (centre-gauche) et le Mouvement 5 Etoiles (M5S, antisystème avant son arrivée au pouvoir) - est arrivé mardi à son terme au bout de 509 jours d'existence.

Le président de la République Sergio Mattarella a reçu en milieu de journée M. Conte "qui a remis la démission de son gouvernement". "Le président (...) a invité le gouvernement à rester en fonction pour gérer les affaires courantes", précise un communiqué de la présidence de la République.

Giuseppe Conte a présidé mardi matin un conseil des ministres pour informer son gouvernement de sa démission imminente, sonnant le coup d'envoi d'une énième crise dans l'histoire politique italienne. Il avait pris acte lundi de l'impossibilité de trouver une nouvelle majorité parlementaire après la défection du petit parti de l'ex-chef du gouvernement Matteo Renzi.

Espoir

M. Conte espère néanmoins obtenir un mandat du président Sergio Mattarella pour tenter de former un nouveau gouvernement, son troisième depuis 2018, et mettre en oeuvre un plan de plus de 200 milliards d'euros censé relancer le moteur de la troisième économie de la zone euro, refroidi par la pandémie qui a fait plus de 85.000 morts dans le pays.

Il devrait lancer rapidement des consultations tous azimuts avec les partis politiques, une chasse au consensus qui s'annonce des plus compliquées.

Car le chef du gouvernement - un avocat et professeur de droit très proche du Mouvement 5 Etoiles, tombé dans la marmite politique un peu par hasard en 2018 - a anticipé une gifle politique cinglante qui se profilait au Sénat mercredi.

Les sénateurs devaient se prononcer sur des réformes du ministre de la Justice Alfonso Bonafede (M5S), qui prévoyait notamment l'adoption de nouvelles règles en matière de procès civils et pénaux, ou encore l'abolition de la prescription après la première condamnation.

Un vote qui se profilait comme un référendum contre le gouvernement.

Elargir ou partir

La crise politique avait été déclenchée par l'ex-Premier ministre Matteo Renzi (2014-2016), qui a retiré son petit parti Italia Viva de la coalition au pouvoir le 13 janvier, après des semaines de critiques sur la gestion de la crise sanitaire et les plans de dépenses économiques de M. Conte.

Pour pouvoir rester au pouvoir et éviter la démission, M. Conte a dû se présenter devant le Parlement la semaine dernière pour un vote de confiance des deux chambres.

Facile à la chambre basse, le vote au Sénat a été remporté de justesse, avec seulement une majorité relative après l'abstention des sénateurs d'Italia Viva.

M. Conte a été forcé de constater qu'il ne rallierait pas suffisamment de parlementaires indépendants ou dissidents pour rester au pouvoir avec un simple remaniement ministériel.

"Le calcul de Conte, c'est qu'en prenant les devants, et donc en évitant une défaite humiliante au Sénat, il augmentera ses chances d'obtenir de Mattarella un mandat pour former un nouveau gouvernement", analyse Wolfango Piccoli, du cabinet d'études Teneo.

Mais si M. Conte pourra offrir de nouveaux fauteuils ministériels en monnaie d'échange, la difficulté d'élargir sa majorité reste entière. En cas d'échec, il devra prendre définitivement la porte.

Et ses soutiens actuels - le secrétaire général du PD, Nicola Zingaretti, et le ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio (M5S)- seraient contraints de le lâcher et chercher un autre poulain pour former un gouvernement.

Reste l'hypothèse de la convocation de nouvelles élections législatives. Une perspective à haut risque pour le gouvernement de centre-gauche: selon les enquêtes d'opinion, la victoire reviendrait au bloc formé par la droite de Silvio Berlusconi (Forza Italia) et l'extrême droite (la Ligue de Matteo Salvini et le parti Fratelli d'Italia).

ats, afp, ansa

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