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Des bactéries modifiées génétiquement pour détoxifier les déchets

Cachées au milieu des ordures se trouvent des bactéries qui peuvent décomposer les toxines présentes dans l'environnement. Des chercheurs de l'Empa et de l'Eawag en ont trouvé dans une décharge indienne et ils l'ont modifiée génétiquement. © Empa
Cachées au milieu des ordures se trouvent des bactéries qui peuvent décomposer les toxines présentes dans l'environnement. Des chercheurs de l'Empa et de l'Eawag en ont trouvé dans une décharge indienne et ils l'ont modifiée génétiquement. © Empa


Publié le 17.06.2021


Des chercheurs de l'Empa et de l'Eawag ont modifié génétiquement des bactéries provenant de décharges indiennes pour les rendre capables de décomposer des produits chimiques. Elles pourraient un jour servir à éliminer les pesticides qui s'accumulent dans la nature.

Le chemin à parcourir est encore long, mais l'approche est prometteuse, ont indiqué jeudi le Laboratoire fédéral d'essai des matériaux et de recherche (Empa) et l'Institut de recherche sur l'eau (Eawag). Les travaux sont réalisés en collaboration avec la Haute école spécialisée des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) et deux instituts indiens de New Delhi.

Les chercheurs ont modifié les gènes d'une bactérie provenant d'une décharge indienne et ils ont produit des enzymes dégradant le HCH, un hexachlorocyclohexane présent dans l'insecticide lindane. Une enzyme est un biocatalyseur avec lequel les bactéries peuvent construire ou décomposer des substances chimiques.

Comme une clé dans une serrure

La molécule polluante HCH s'insère dans l'enzyme comme une clé dans une serrure. Ensuite, une partie de la molécule est séparée. Les fragments sont à nouveau libérés et l'enzyme est alors prête à absorber la molécule polluante suivante, expliquent les chercheurs.

Les scientifiques ont aussi réussi à élargir le "trou de serrure" pour que les grosses molécules de l'agent ignifuge hexabromocyclododécane (HBCD), interdit dans le monde entier depuis 2014, puissent être décomposées plus facilement. La modification génétique a effectivement permis d'accélérer la vitesse de décomposition du polluant.

"Cela signifie que nous avons maintenant une chance d'utiliser des méthodes biologiques pour rendre inoffensives ces toxines à longue durée de vie", souligne le chercheur de l'Empa Norbert Heeb. Mais il reste un long chemin à parcourir. Le principe de verrouillage des enzymes utiles doit encore être approfondi avant que l'on puisse disposer d'enzymes sur mesure pour les toxines chimiques.

Convention de Stockholm

Depuis 2004, la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants réglemente le traitement des toxines environnementales à longue durée de vie. Toutes ces substances sont déjà présentes dans l'environnement. L'HBCD est notamment présent dans les boues d'épuration, dans les poissons, dans l'air et l'eau.

En 2004, le WWF a prélevé des échantillons de sang de onze ministres européens de l'environnement et de trois ministres de la santé. L'organisation de protection de la nature a pu détecter du HBCD et du lindane dans le sang de chaque ministre.

ats

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