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Des cas toujours plus nombreux de traite de femmes nigérianes

Les cas de prostitution forcée sont beaucoup plus nombreux en rapport du total des cas de traite des femmes en Suisse romande qu'en Suisse alémanique (photo symbolique). © Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
Les cas de prostitution forcée sont beaucoup plus nombreux en rapport du total des cas de traite des femmes en Suisse romande qu'en Suisse alémanique (photo symbolique). © Keystone/JEAN-CHRISTOPHE BOTT


Publié le 15.05.2018


En Suisse, plus de 310 femmes victimes de traite ou d'exploitation ont bénéficié d'une prise en charge en 2017. Tant outre-Sarine qu'en Suisse romande, les Nigérianes sont aujourd'hui celles qui souffrent le plus de ce fléau.

L'association romande de soutien aux victimes de traite et d'exploitation (ASTREE) a suivi 49 cas l'an passé, dossiers en cours et nouveaux confondus, selon Angela Oriti, co-directrice avec Anne Ansermet Pagot. Parmi ces femmes évoluant avant tout dans le canton de Vaud, mais aussi ailleurs en Suisse romande hors Genève, 37 ont été victimes de prostitution forcée et 11 d'exploitation au travail.

"Seize des 49 femmes étaient sous le coup d'une procédure d'asile et une proportion plus grande encore n'avait pas de papiers", détaille Mme Oriti. Elle rappelle que les cas concernant des requérantes sont les plus lourds, à cause notamment des risques de renvoi de Suisse malgré les différentes formes de soutien de l'organisation. La plus grande part des cas suivis en 2017, soit 11, touchait des Nigérianes.

Celles-ci étaient presque toutes exploitées dans la prostitution de rue à Lausanne. Elles ont un parcours migratoire similaire: elles font l'objet de fausses promesses pour une vie meilleure en Europe, puis sont forcées à se prostituer pour rembourser à l'exploiteur les frais du voyage dont le prix est très fortement majoré. En cas de non-paiement, on les menace parfois de recourir à la sorcellerie.

A Genève, c'est le Centre social protestant qui est responsable de la prise en charge des victimes. Fin 2017, on comptait 38 suivis en cours concernant des femmes, dont un peu plus de cas d'exploitation sexuelle que d'exploitation au travail, détaille Leila Boussemacer, juriste. "Ici, le nombre de femmes provenant du Nigeria (4) n'est pas autant prépondérant qu'à Lausanne ou Zurich", relève-t-elle.

Beaucoup de requérantes

Car en Suisse alémanique, les ressortissantes nigérianes arrivent elles aussi en tête, avec leurs homologues hongroises, des 228 cas qui ont bénéficié d'une prise en charge en 2017 par le Centre d'intervention pour les victimes de la traite des femmes (FIZ), sis à Zurich. Ces deux nationalités représentent 30% (15% chacune) des 111 nouveaux dossiers ouverts l'an dernier.

Presque toutes ces Nigérianes d'outre-Sarine sont des requérantes d'asile. La part des requérantes victimes de traite, toutes nationalités confondues, a d'ailleurs très fortement augmenté en Suisse alémanique: elle est passée de 10 à 34% en un an, note le FIZ dans son rapport annuel publié en début de semaine. En outre, sur les 228 cas traités en 2017, seul un quart concernait des travailleuses du sexe.

ats

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