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Des dizaines de morts en Afghanistan après deux attaques distinctes

Un kamikaze à pied s'est fait exploser dans un centre de préparation aux examens d'entrée à l'université, dans un quartier chiite de l'ouest de Kaboul. © KEYSTONE/EPA/HEDAYATULLAH AMID
Un kamikaze à pied s'est fait exploser dans un centre de préparation aux examens d'entrée à l'université, dans un quartier chiite de l'ouest de Kaboul. © KEYSTONE/EPA/HEDAYATULLAH AMID


Publié le 15.08.2018


Les forces afghanes semblaient mercredi avoir finalement repoussé les talibans assaillant depuis près d'une semaine la ville de Ghazni (est). Mais les violences se poursuivent: deux attaques ont fait des dizaines de morts mercredi à Kaboul et dans le nord du pays.

Les talibans ont lancé un assaut dans la nuit de mardi à mercredi contre un poste avancé des forces afghanes dans la province de Baghlan (nord). Selon les autorités locales, neuf policiers et 35 soldats ont été tués. Le ministère afghan de la Défense a confirmé l'attaque sans fournir de détails.

Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a de son côté affirmé que les combattants islamistes ont tué 70 membres des forces de sécurité et se sont emparés de véhicules blindés et de munitions. Selon lui, l'opération a visé une base et deux postes avancés de la province de Baghlan.

Attentat suicide à Kaboul

Parallèlement, un attentat suicide s'est produit devant un centre éducatif d'un quartier à majorité chiite de l'ouest de Kaboul. Il a fait au moins 48 morts et 67 blessés mercredi, selon le dernier bilan fourni par le ministère de la Santé.

On ignore à ce stade combien d'élèves se trouvaient rassemblés dans le bâtiment. L'attentat n'a pas été revendiqué dans l'immédiat. Le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué de nombreux attentats sanglants dans la capitale et dans l'est du pays ces derniers mois.

Ces deux attaques soulignent les difficultés des forces de sécurité à contenir la pression exercée par les groupes insurgés en Afghanistan. Les talibans avaient déjà attaqué lundi une base militaire dans la province de Faryab (nord) et des affrontements ont aussi éclaté mardi pour le contrôle de deux checkpoints dans celle de Zaboul (sud), où une douzaine de soldats ont été tués.

Retrait de Ghazni

A Ghazni, la situation semble s'être stabilisée mercredi après cinq jours de combat entre les talibans et les forces gouvernementales, appuyées par les forces spéciales et l'aviation américaines. Le commandement des talibans a ordonné à ses combattants de quitter la ville afin, selon lui, d'épargner des destructions supplémentaires.

Les forces de sécurité patrouillaient dans les rues de la ville et plus aucun insurgé n'était visible mercredi. Des commerçants commençaient à réparer les dégâts et à nettoyer leurs échoppes dans les rues encore enfumées, a constaté l'AFP.

Mais un correspondant de l'agence a aperçu des talibans dans au moins un village à l'extérieur de la ville et leur présence a également été signalée aux habitants dans d'autres lieux à proximité, faisant craindre une nouvelle offensive.

Les combats à Ghazni ont fait des centaines de morts et de blessés et provoqué d'importants dégâts matériels. La Mission de l'Onu en Afghanistan a avancé mercredi un bilan de "110 à 150" victimes civiles et indiqué que la ville était privée depuis plusieurs jours d'eau courante et d'électricité.

Confiance ébranlée

Le président afghan Ashraf Ghani a qualifié l'offensive de "crime impardonnable", précisant qu'il avait ordonné aux autorités de fournir la ville en eau et nourriture de toute urgence.

L'attaque de Ghazni constitue la plus grande offensive talibane depuis un cessez-le-feu inédit de trois jours observé en juin, qui avait relancé les espoirs de paix après quelque 17 ans de guerre.

Les insurgés sont sous pression depuis des mois pour accepter d'ouvrir des négociations de paix avec le gouvernement afghan et les analystes estiment que de telles batailles visent à les placer en position de force au moment de les entamer.

En ce sens, l'opération est un succès pour les insurgés, souligne le général à la retraite et analyste Atiqullah Amarkhail. "Le gouvernement a peut-être été capable de reprendre la ville mais la confiance des gens à son égard a été affaiblie", estime-t-il.

"Aujourd'hui, même à Kaboul, les gens pourraient commencer à redouter une soudaine attaque des talibans contre la ville", a-t-il souligné.

ats, afp, reu

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