La Liberté

Des grillons derrière les "attaques acoustiques" à La Havane

Les Etats-Unis ont retiré la moitié de leur personnel de l'ambassade américaine à La Havane suite à ce que les autorités américaines appellent des attaques acoustiques (archives). © KEYSTONE/AP/RAMON ESPINOSA
Les Etats-Unis ont retiré la moitié de leur personnel de l'ambassade américaine à La Havane suite à ce que les autorités américaines appellent des attaques acoustiques (archives). © KEYSTONE/AP/RAMON ESPINOSA


Publié le 08.01.2019


Les attaques acoustiques, dont auraient été victimes des diplomates américains à Cuba selon Washington, seraient des sons de grillons, selon l'étude d'un enregistrement. Vingt-quatre personnes de l'ambassade américaine en ont été victimes entre fin 2016 et août 2017.

Les autorités américaines assurent que des appareils acoustiques perfectionnés ont provoqué des migraines, des nausées et de légères lésions cérébrales au personnel de l'ambassade des Etats-Unis à La Havane.

Les Etats-Unis ont retiré en réponse plus de la moitié de leur personnel diplomatique à Cuba, suspendu leurs activités consulaires à La Havane, et ordonné l'expulsion de 15 diplomates cubains du territoire américain, provoquant une crise diplomatique entre les deux pays.

Deux biologistes se sont penchés sur un enregistrement d'un bourdonnement censé faire partie de ces attaques acoustiques. Ils ont conclu que le bruit en question correspondait au chant d'accouplement du grillon à queue courte de De Geer, présent dans les Caraïbes.

Sons pas dangereux

Rendue publique la semaine dernière, leur étude n'a pas encore été publiée dans une revue scientifique, ni évaluée par des pairs. Elle ne s'intéressait pas directement à la cause des problèmes de santé rencontrés par les diplomates. Les chercheurs n'excluent pas l'éventualité d'attaques acoustiques par ailleurs.

"Bien que déroutants, les sons mystérieux à Cuba ne sont pas physiquement dangereux et ne constituent pas une attaque acoustique", avance l'étude d'Alexander Stubbs, doctorant à l'université de Berkeley en Californie, et de Fernando Montealegre-Zapata, enseignant en biologie sensorielle à l'université de Lincoln, en Grande-Bretagne.

Les deux chercheurs ont étudié un enregistrement réalisé par un employé du gouvernement américain, envoyé à l'US Navy et diffusé ensuite par l'agence Associated Press. Ils l'ont comparé à une base de données de l'université de Floride.

Le chant du grillon à queue courte de De Geer, dont le rythme des battements d'ailes compte parmi les plus élevés de l'espèce, correspond à l'enregistrement en matière "de durée, de fréquence de répétition des battements, du spectre de puissance, du taux de stabilité des battements et d'oscillations par battement", indique l'étude.

Ses auteurs font le parallèle avec le mystère de la "pluie jaune" lors de la guerre froide. Les Etats-Unis avaient accusé en 1981 l'Union soviétique de mener des attaques chimiques en Asie du Sud-Est, alors que des chercheurs ont conclu que ces "pluies" étaient en fait des excréments d'abeilles.

ats, afp

Articles les plus lus
Dans la même rubrique
La Liberté - Bd de Pérolles 42 / 1700 Fribourg
Tél: +41 26 426 44 11